L’ex rédactrice en chef du New York Times lance un nouveau média à 100 000 dollars l’article

Jill Abramson, au milieu, en rouge. (photo CC US Department of Labor)
 Jill Abramson, au milieu, en rouge. (photo CC US Department of Labor)

Qualité ou quantité ? Visiblement, Jill Abramson a fait son choix. Brutalement licenciée en mai après 17 ans passés au sein du prestigieux New York Times dont trois ans à sa tête, la journaliste de 60 ans a décidé de recommencer à zéro, sur Internet cette fois-ci. Son nouveau média, dont ni la date de lancement ni le nom ne sont pour le moment connus, ne publiera qu’un seul article par mois, rémunéré 100 000 dollars au journaliste. A ce prix là, la rédactrice en chef s’attend à ce que le pigiste se fende d’un long format d’en moyenne 120 000 signes, le double des plus longs papiers publiés par le célèbre New Yorker et 50 fois l’article que vous êtes en train de lire.

A travers ce nouveau média – dont elle jure que les investisseurs se bousculent à la porte – Jill Abramson souhaite devenir une porte-parole du « slow journalism ». Personne ne sait encore de quoi le premier article sera fait mais la rédactrice en chef prône un journalisme alternatif : « les premiers synopsis que nous avons reçus traitent de sujets trop médiatisés. Nous ne voulons pas suivre la meute », a-t-elle déclaré au site américain Quartz. Sa plus grande inquiétude est de permettre aux longues histoires qui ont fait les lettres de noblesse du journalisme de pouvoir continuer à survivre, un engagement impossible à tenir dans une rédaction dirigée par des impératifs économiques.

En ce qui concerne la viabilité économique de son projet, Jill Abramson est intimement persuadée que les abonnements couvriront largement le tarif mirobolant accordé à ses pigistes. Elle a même précisé avec fierté que cette rétribution correspondait au minimum de sa future grille de rémunération. Certains journalistes pourront toucher davantage et parfois même recevoir un pourcentage sur les abonnements générés par leur article. « Oui, a-t-elle concédé, cela peut sembler beaucoup », mais ça s’équilibre avec les salaires dérisoires que touchent aujourd’hui les journalistes, a déploré la journaliste. Jill Abramson et Steven Brill, fondateur de TruTV (diffusion de procès en direct) et partenaire de l’ex rédactrice en chef du New York Times, publieront chacun un long format par an dans ce nouveau média. « A killer piece », comme les a qualifiés en toute modestie la journaliste.

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