
En février 2011 est lancé le site internet Silk road (littéralement « route de la soie »). L’objectif assumé de ce magasin en ligne est de permettre l’achat et la vente de produits illicites, notamment des stupéfiants, des armes ou encore des faux papiers, en garantissant l’anonymat total des acheteurs et des vendeurs.
Pour ce faire, le site utilise Tor, un réseau informatique capable de rendre anonymes tous les échanges internet qui passent pas son biais, ainsi que le Bitcoin, la célèbre monnaie virtuelle dont la possession n’est pas nominative.
Sans grande surprise, Silk road est plus ou moins rapidement court-circuité ### – deux ans et demi après son ouverture – par le FBI avant d’être rouvert quelques semaines plus tard et à nouveau fermé par décision fédérale. L’identité de son illustre fondateur, connu des internautes sous le pseudo de Dread Pirate Roberts, est découverte par le FBI et le procès de Ross Ulbricht, un trentenaire Californien, est prévu pour début 2015.
Parmi les preuves qui ont permis au FBI de mettre la main sur le présumé fondateur et propriétaire de Silk Road : des discussions sur des forums parlant de drogue, des erreurs de manipulation entre ses comptes Twitter officiel et officieux et, surtout, son compte Gmail, sur lequel des dizaines de conversations le mettaient en cause.
Ce sont ces échanges avec ses employés ainsi que d’autres communications qui détermineront en partie l’issue du procès. Et pour que le jury soit le plus impartial possible, l’avocat du prévenu a réclamé que les conversations soient montrées à la cour et non lus à haute voix pour ne pas que des intonations de voix puissent influencer le ton du discours.
Plus étonnant, les successions de points d’interrogations (« ??? »), l’utilisation de lettres capitales ou de mots déformés (comme « telleeeeement ») ainsi que de smileys par les interlocuteurs sont également retranscrits tels quels, relate le New York Times.
Le journal de référence américain cite d’autre part une affaire datant de 2014, au cours de laquelle un homme de Pennsylvanie avait comparu pour avoir proféré des menaces envers sa femme sur Facebook. Il s’était défendu en arguant que l’utilisation d’un smiley qui tire la langue dans son statut Facebook indiquait le ton humoristique et le second degré de ses déclarations.
Interrogé par le New York Times, un linguiste de Stanford, dont des travaux d’étude ont porté sur l’utilisation des émoticones, comprend la demande quelque peu particulière de l’avocat de Ross Ulbricht. Selon lui, l’utilisation de tel ou tel smiley signifie énormément sur l’intention de son auteur.
« La manière dont les tchats et autres messages et leurs symboles devraient être présentés au tribunal – ainsi que la question plus large de comment les jurés devraient être formés aux termes mal connus dans un dossier imprégné de la culture web – est devenu une intrigue secondaire de ce dossier », peut-on lire dans le New York Times.
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