Amazonie : le combat inégal des indiens face la déforestation

 L’exploitation illégale de la forêt amazonienne est un secret de polichinelle. Lassés d’attendre – en vain – l’intervention du gouvernement, une tribu indienne du nord du Brésil a décidé de prendre les choses en main.

(photo Matt Zimmerman)
(photo Matt Zimmerman)

Les Ka’apor résident dans l’état de Maranhão, nous raconte le Guardian. Cette tribu de plus de 2 000 individus a fait reconnaître ses frontières en 1982. Leur territoire s’étend sur 530 000 hectares, composés de près de la moitié de la forêt amazonienne présente au sein de l’état. Pourtant, cette portion de la forêt a déjà perdu 8% de sa superficie en raison de son exploitation illégale. Les braconniers y volent des arbres comme l’ipê, qui produit des noix brésiliennes, vendu plus d’un euro le mètre cube. Un morceau de choix.

L’an dernier, un avis de la cour fédérale a sommé le gouvernement brésilien d’installer des postes de sécurité le long de la frontière avec le territoire indigène pour empêcher cette exploitation illégale. Rien n’a été fait. Les Ka’apor ont donc décidé de créer une milice de “gardiens de la forêt”, chargée de repousser les braconniers. “Ka’apor’ signifie “habitants de la forêt”, c’est pourquoi nous devons la défendre”, explique l’un des leaders de la communauté à Greenpeace.

Armés de leurs arcs et flèches, les membres de la milice se chargent de surveiller les éventuels braconniers. Les camions et tracteurs qui pénètrent sur leur territoire sont interceptés et brûlés. Leurs conducteurs sont avertis de ne jamais revenir. Ceux qui le font malgré tout subissent une intervention… plus musclée. “Ils viennent nous voler. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. On veut leur faire ressentir notre douleur. La douleur de perdre notre bois, de voir notre forêt détruite”, raconte l’un des leaders de la communauté.

Cette surveillance dure depuis plusieurs années mais c’est ce mois-ci que des journalistes internationaux ont été invités par la communauté indigène pour comprendre leur action. Jusqu’ici, ont-ils expliqué, les gardiens de la forêt ont détruit une douzaine de véhicules et ont investi 8 camps. Une poignée de familles s’y sont installées pour s’assurer que les voleurs de bois ne reviennent pas. Au prix d’un sacrifice, écrit le quotidien anglais. “Les villages ont l’électricité, des centres de soins, des terrains de football…” sur les anciens camps des braconniers, les familles dorment dans des hamacs.

Greenpeace a récemment affirmé son soutien aux Ka’apor en leur fournissant des caméras, des traqueurs GPS et deux ordinateurs. Du matériel habituellement utilisé pour filmer des animaux sauvages. Une manière supplémentaire de persuader les autorités d’agir en filmant les méfaits des responsables de la déforestation.

Mais cette mission d’auto-protection n’est pas sans risque. Au cours des quatre dernières années, 4 Ka’apor ont été tués et quinze autres ont reçu des menaces de mort, selon le Missionary indigenous Council. Le 26 avril dernier, un ancien chef des Ka’apor a été tué par balle. Sa mort est restée impunie.

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