Pourquoi les diamants coûtent si cher ?

61 millions de dollars, c’est la somme qu’un particulier était prêt à débourser pour acquérir le plus gros diamant brut découvert en 100 ans. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la compagnie qui vend la gemme a estimé le montant proposé insuffisant. Un an après l’effondrement de près de 18% du prix du diamant brut, comment se fait-il que le prix de ces pierres, certes précieuses, ne diminue pas ?

(Photo Flickr/James St. John)
(Photo Flickr/James St. John)

De la taille d’une balle de tennis, le diamant mis aux enchères le 29 juin par la compagnie d’extraction minière Lucara Diamond Corp n’aura donc pas trouvé acheteur. La compagnie canadienne espère obtenir 35 millions de dollars de la vente de ce diamant – le plus gros extrait depuis une centaine d’années – soit 48% du prix auquel est estimée la pierre précieuse, un peu plus de 70 millions de dollars. Un prix pharaonique quand bien même le prix des diamants brut s’est écroulé de 18% au cours de l’année 2015. Une chute presque aussi importante que celle liée à la crise financière de 2008, explique le site Bloomberg.

En cause, une baisse importante de la demande, due notamment à l’explosion de la vente de diamants de synthèse et au scandale des diamants de sang issus du continent africain. Ainsi qu’a une pénurie de crédits qui sévit à travers toutes les industries.

Si à une époque il était possible de qualifier le diamant de pierre précieuse extrêmement rare et ainsi justifier son prix, cela fait bien longtemps que ce temps est révolu. Dans une interview accordée à la radio américaine NPR, Rachelle Birgestein, auteure du livre “Brilliance and Fire: the Biography of Diamonds“, avance que si les diamants restent aussi onéreux, c’est à cause d’un marketing très astucieux de la part des compagnies minières. Selon elle, ces dernières ont réussi à ancrer de manière pérenne dans notre esprit qu’ils méritent que nous dépensions de telles sommes dans le but de les acquérir.

Alors quand un diamant de la taille et de la pureté du Lesedi La Rona — non taillé, sa valeur est estimée, à 1 109 carats – fait son apparition sur le marché, les vendeurs ne tiennent pas compte du cours du marché et instaurent des prix sans précédent en comptant sur le principe de l’offre et de la demande lors de l’enchère. En mai, Bloomberg rapportait les propos de William Lamb, le PDG de Lucara Diamond Corp, la compagnie qui met en vente le Lesedi La Rona : « Personne ne connait la valeur d’un diamant de 400 carats [NDLR, cela devrait être la valeur du diamant une fois taillé, un record]. Vous n’avez besoin que de deux personnes qui sont prêtes à tout pour l’obtenir, et alors vous obtiendrez un bon prix. ».

Bien qu’il existe aujourd’hui des diamants de synthèse de très belle facture et quasiment impossible à différencier à l’œil nu de diamants purs, ce dernier garde une place de choix dans l’imaginaire du public. L’histoire en a fait un gage d’amour, un marqueur social pour lequel le commun des mortels est parfois prêt à débourser un à deux mois de salaire. Si petit soit-il, une fois monté sur une bague, un diamant que nous pouvons trouver en bijouterie atteint en moyenne une valeur de 3 750 dollars (3 380 euros), selon une étude graphique réalisée par la compagnie Neo Mammalien Studios.

(Extrait d'une étude graphique de Neo Mammalien Studios)
(Extrait d’une étude graphique de Neo Mammalien Studios)

Cet extrait de l’étude explique comment, de sa découverte à sa vente au grand public, un diamant des plus communs voit son prix augmenter en passant de mains en mains, afin de subir les transformations qui permettront de le monter sur une bague. Dans l’exemple ci-dessus, si la pierre ne vaut que 569 dollars au moment de son extraction, les commissions prises par les différents partis impliqués dans la création du bijou gonflent rapidement son prix. Et ce quand bien même le diamant a perdu 40 à 60% de sa pureté lors de son polissage.

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