Ouzbékistan : Un lave linge pour récompenser les meilleurs ramasseurs de coton

 Une nouvelle saison de récolte de coton débute en Ouzbékistan. Cette année, le 5e producteur mondial de cet or blanc, régulièrement accusé de se livrer à ce qui pourrait s’apparenter à une forme d’esclavage moderne, a encore une fois décidé de recourir à la stratégie de la carotte et du bâton. D’un côté, on fait miroiter des appareils électriques aux plus efficaces des travailleurs journaliers, de l’autre on menace de peines de prison ceux qui n’atteindraient pas leurs quotas.

(Photo Flickr/ Chris Shervey)
(Photo Flickr/ Chris Shervey)

Les familles qui réussiront à récolter plus de cinq tonnes de coton recevront en récompense une télévision, quant à ceux qui récolteraient plus de dix tonnes, c’est même un réfrigérateur ou une machine à laver qui les attend. Quant aux stakhanovistes des temps modernes qui réussiraient à atteindre la barre des quinze tonnes, ils auront le privilège de voir leur nom remonté tout en haut de la longue liste d’attente pour une voiture neuve, leur évitant ainsi de devoir patienter plusieurs mois, voire plusieurs années ( NDLR, s’il n’est pas trop compliqué de dénicher une voiture d’occasion en Ouzbékistan, l’achat d’un véhicule neuf peut s’avérer un processus particulièrement long et onéreux dans ce pays où l’apport personnel demandé atteint parfois les 85% du prix total).

Ces promesses émanent directement du bureau du gouverneur de la région de Sirdaryo, dans l’est de l’Ouzbékistan, ainsi que nous l’apprend un récent article de Kun.uz. Ce dernier déclare ne voir dans les récompenses proposées qu’une motivation supplémentaire pour « ces gens qui travaillent dur ». Quant à ceux qui n’atteindraient pas ces objectifs démesurés, la région promet qu’ils seront payés en espèces.

Cependant, si la région de Sirdaryo semble avoir décidé de recourir à la carotte, du côté du président intérimaire, Shavkat Mirziyoyev, on semble avoir opté pour le bâton. L’ancien premier ministre, qui vient tout juste d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle du 4 décembre prochain, aurait en effet menacé les fermiers qui n’atteindraient pas les objectifs d’un séjour à l’ombre, à en croire les informations de Radio Ozodlik.

Il ne semble donc pas question de rompre avec les méthodes autoritaires du défunt président autoritaire Islam Karimov. Pour rappel, en octobre 2015 nous vous expliquions déjà que l’Ouzbékistan continuerait encore d’avoir recours au travail forcé. Malheureusement, de ce côté-là, il semble que 2016 ne fasse pas non plus exception. Encore une fois, ce sont plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires, dont des professeurs et des médecins, qui se verraient contraints et forcés d’aller « volontairement » s’échiner dans les champs, comme l’explique Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL)

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1 commentaires

  1. machinealaver 5 années ago

    En voila une belle récompense !

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