Cambodge : La chaleur cause des évanouissements en masse dans les usines Nike, Asics et Puma

Plusieurs marques de vêtements de sport – dont Nike, Asics, Puma et VF Corporation – sont sous le feu des critiques au Cambodge. Elles sont accusées d’avoir recours dans leurs usines à des travailleurs précaires, parfois amenés à travailler dix heures par jour sous des températures pouvant atteindre les 30°C. Résultats de ces conditions de travail déplorables : des évanouissements en masse dans les usines, dénonce la fondation Bill-et-Melinda-Gates.

(Photo Flickr/ UN Women)
(Photo Flickr/ UN Women)

Des évanouissements réguliers à cause de la chaleur et des horaires à rallonge. C’est la triste réalité à laquelle seraient confrontés plusieurs centaines d’employés travaillant dans quatre usines cambodgiennes fournissant de grandes marques de vêtements de sport, au rang desquelles Nike, Asics, Puma et VF Corporation (Vans, Eastpak, Napapijri, The North Face…), nous révèle un récent article du Guardian.

Dans les pages du quotidien britannique, la fondation Bill-et-Melinda-Gates, une fondation américaine humaniste philanthropique, tire le signal d’alarme. À l’en croire, les employés de ces usines, le plus souvent recrutés sur des contrats à durée déterminée, les empêchant de suffisamment faire valoir leurs droits, travailleraient dix heures par jour par plus de 30°C. Ces conditions de travail indécentes seraient à l’origine d’épisodes répétés d’évanouissements de masse d’employés sur leur lieu de travail.

Au cours de l’année passée, plus de 500 employés auraient été hospitalisés après avoir perdu connaissance. Ainsi, rien qu’en novembre dernier (NDLR, au cours de la période d’hiver, qui s’étend de novembre à mars, les températures oscillent dans le pays autour de 25 à 30 °C), 360 employés se seraient effondrés dans le pays. Les marques impliquées ont admis l’existence des incidents, qui s’inscrivent dans la lignée d’année de surexploitations des 600 000 ouvriers du textile et de la chaussure du pays, principalement des femmes. La valeur de ce secteur vital de l’économie du pays était estimée à 5,7 milliards de dollars en 2015.

Danwatch, une organisation danoise qui s’est créée ces dernières années une réputation controversée de lanceur d’alerte, et le journal hebdomadaire britannique The Observer, ont réalisé des interviews de travailleurs, de syndicats, de médecins, d’associations caritatives et de responsables gouvernementaux. On y apprend qu’en plus de travailler dix heures par jour dans la fournaise — dans certaines usines, les températures ont pu atteindre 37°C —, les employées qui se sont évanouies se disaient également épuisées et affamées.

Contrairement au Vietnam voisin, où les températures dans les usines ne doivent pas dépasser les 32°C, le Cambodge n’a jamais mis en place de limite maximale de température sur le lieu de travail. Il y est simplement précisé que si les températures atteignent « un niveau très élevé » mettant les travailleurs en difficultés, les employeurs doivent installer des ventilateurs ou l’air conditionné.

Au Cambodge, le salaire minimum des ouvriers du textile est de 128 dollars américains par mois (environ 114€). Il peut monter jusqu’à 150, voire 190 dollars, selon les usines, pour ceux qui acceptent de travailler deux heures supplémentaires par jour. Selon les informations du Guardian, aucune des usines incriminées ne paye à ses employés un salaire de subsistance (NDLR, garantissant l’accès à un toit et à un minimum de nourriture), estimé à 300 dollars (environ 268€) par mois.

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