Les autorités palestiniennes ont appelé lundi la Ligue arabe à soutenir la plainte qu’elles vont déposer contre le Royaume-Uni pour avoir, avec la publication de la déclaration Balfour en 1917, assuré au peuple juif la création d’un foyer national en Palestine.

Près d’un siècle a passé depuis la déclaration de Lord Arthur James Balfour en 1917, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni. Pourtant, les tensions entre la Palestine et la Grande-Bretagne sont toujours aussi présentes. Adressée à Lionel Walter Rothschild, un des leaders de la communauté juive britannique de l’époque, la lettre déclarait que le Royaume-Uni était : « favorable à la création d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine », assurant que le gouvernement britannique ferait tout son possible pour permettre la réalisation d’un tel projet.
Considérée comme le document qui a permis de justifier la création de l’État d’Israël en 1948, à la fin du mandat britannique sur la Palestine, la déclaration du 2 novembre 1917 est reconnue comme la première réalisation politique majeure en faveur du mouvement sioniste. Néanmoins, Lord Balfour utilisait bien le terme de foyer national, une expression qu’encore aujourd’hui les codes de droits ne définissent pas. Il ne déclarait donc pas le soutien de son gouvernement à la création d’un État juif.

Cependant, pour Mahmoud Abbas, le discours de Balfour a pavé la voie à la création de l’État d’Israël en 1948, et il assure que c’était là l’intention du Royaume-Uni dès 1917, explique The Independent. La Palestine considère qu’à l’époque, le Royaume-Uni a outrepassé son rôle de puissance mandataire, agissant comme s’il était le détenteur légitime du droit de propriété du territoire palestinien.
Les autorités palestiniennes considèrent aujourd’hui que l’exil de centaines de milliers de Palestiniens, dont les descendants sont actuellement réfugiés et en diaspora, est le résultat de la déclaration Balfour, rapporte l’AFP. « Sur la base de cette promesse faite par une partie ne possédant pas (la terre) à une partie ne (la) méritant pas, des centaines de milliers de juifs d’Europe et d’ailleurs sont venus s’installer en Palestine aux dépens de notre peuple dont les ancêtres vivaient depuis des millénaires sur les terres de notre patrie », a déclaré le ministre palestinien des Affaires étrangères lors d’un discours devant la Ligue arabe, s’exprimant au nom du président Abbas, rapporte une retranscription du discours publiée par l’agence de presse Wafa.
Le ministre palestinien Riad Malki a également appelé à Nouakchott, en Mauritanie, les États présents membres de la Ligue arabe à soutenir les poursuites judiciaires que la Palestine va entreprendre contre le Royaume-Uni au sujet de la déclaration Balfour, rapporte la BBC. Il a ajouté que la plainte sera déposée auprès d’une cour de justice internationale, sans toutefois donner plus de détails.
En 2015, la Palestine a adhéré à la Cour pénale internationale afin de soumettre à la justice internationale les “crimes de guerre” dont elle accuse Israël, il est donc probable que la CPI soit la cour qui recevra la plainte.
Interrogé sur le possible dépôt de cette plainte par le journal The Independent, le ministère des affaires étrangères britannique a déclaré, via un de ses porte-parole, être au courant du discours tenu par Riad Malki, mais n’a pas tenu à faire de commentaire.
Israël, de son côté, n’a pas tardé à réagir. Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, affirme que c’est une tentative de plus de la Palestine de nier : « la forte appartenance du peuple juif à sa terre », mais que cette tentative échouerait, comme les autres, rapporte The Independent.
Suivant la voix de son chef d’État, le ministre de la Sécurité publique israélienne Gilad Erdan a quant à lui rappelé que ce discours survient à seulement quelques mois du centenaire de la déclaration Balfour et à un peu moins de deux ans de l’anniversaire des 50 ans de la création de l’État d’Israël : « L’unique but [de cette déclaration] est de délégitimiser Israël. Les leaders palestiniens ne sont plus intéressés par la paix depuis quelque temps déjà », a-t-il déclaré au quotidien israélien Haaretz.
Cet épisode survient alors que les tensions entre Israël et la bande de Gaza sont au plus fort après plusieurs attaques au couteau perpétrées par des Palestiniens et une utilisation excessive de la force par Jérusalem qui inquiète l’ONU, rappelle The Independent.
“Une utilisation excessive de la force par Israël”
Quel langage timoré ! Pourquoi ne pas résumer les dernières guerres “Bordure Protectrice” et “Pilier de Défense” durant lesquelles des milliers d’innocents ont trouvé la mort ? Ayez au moins le courage de nommer les choses telles qu’elles sont. Après tout, il est clairement précisé que, du côté palestinien, il y eut des attaques au couteau.
La déclaration de Balfour est bien une imposture politique, l’annonce du plus grand braquage territorial du XXe siècle et surtout l’une des plus graves affaires d’ingérence de la part du Royaume-Uni à l’étranger.