Brigade des abîmes

Paris, la ville lumière, est construite sur un réseau souterrain. Après plusieurs effondrements mortels, le roi Louis XVI crée en 1777 l’Inspection Générale des Carrières dont la mission est de restaurer et consolider le réseau souterrain. 241 ans plus tard, l’IGC – qui veille toujours à prévenir les éboulements – collabore avec le GIP qui contrôle ces galeries interdites au public par arrêté préfectoral depuis le 2 novembre 1955.

Cela fait 12 ans déjà que le brigadier chef Sylvie Gautron est à la tête d’une brigade unique au monde, le GIP (Groupe d’Intervention et de Protection). Sa brigade de 50 policiers et elle évoluent à 30 mètres de profondeur dans un réseau de 300 km de galeries sous Paris, de couloirs étroits, de chatières de quelques dizaines de centimètres de diamètre, de passages inondés, dans une atmosphère humide, suffocante, une obscurité impénétrable et surtout un haut risque d’éboulements. Les membres du GIP patrouillent 2 à 3 fois par semaine sous terre pour cartographier toute nouvelle modification du réseau (nouvelles galeries mises à jour par les cataphiles, passages clandestins…).

Même après des années de service, la carte de navigation est indispensable pour ces équipes car un moment d’inattention peut vous faire perdre le chemin dans ce labyrinthe. À chaque descente, un policier different prend le commandement. Dans les couloirs obscurs et humides, équipé de torches frontales, on ne perçoit qu’à 10 mètres. Tous les sens sont en alerte. L’odorat permet de déceler la présence civile dans le réseau car, aussi profond que l’on soit sous terre, les odeurs restent prisonnières dans les galeries pendant plusieurs jours. C’est une des techniques de détection de présence civile les plus efficaces utilisées par la brigade.

En plus d’appréhender les visiteurs clandestins et dresser des contraventions, le GIP contrôle l’état des structures et transmet ses comptes-rendus à l’IGC. Ils sont également parfois appelés pour des missions de recherche de personnes perdues ou pour des accidents dans le réseau.

Deux policiers écoutent attentivement les consignes de sécurité avant de s'engouffrer dans les carrières de paris. Ils descendront a 30 mètres de profondeur, coupés de tout moyen de communication avec l'extérieur. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Une jeune policière descend avec prudence dans le réseau souterrain qui s'étale sur 300 km sous la ville de Paris. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
L'accès au carrières de Paris s'effectue par des trapes aménagées d'une échelle et de portes en metal cadenassées qui interdisent l'accès aux souterrains. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Les policiers sont habitués à faire face à toutes sortes de situations dans cet environnement atypique, ils s’entrainent à se déplacer dans des passages étroits en silence et dans l’obscurité. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Certains tunnels sont inondés. L’eau provient des nappes phréatiques et des eaux de pluie qui sont filtrées pendant des mois par les 30 mètres de roche qui nous séparent de la surface. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Les policiers de la Brigade d'intervention et de protection (GIP) de la police nationale de paris font une pause déjeuné dans une galerie a 30 mètres de profondeur. Cette galerie est équipée d'une table taillée dans la roche, de chandeliers et de bougies. Le leader du groupe en profite pour faire un point carte. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Pendant quatre heures, les policiers de la Brigade du GIP patrouillent sous terre. Lorsqu'ils entendent un bruit suspect, la cadence s'accélère. Le réseau souterrain devient une piste de course et les policiers s'engouffrent dans des tunnels étroits. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Sylvie Gautron est la brigadier chef du GIP de Paris. Après 22 ans de service dans la police, 20 ans au seins du GIP, Sylvie a toujours la même volonté de préserver les carrières de Paris et de protéger le public qui s’y introduit. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Un technique d’approche digne d’un commando pour ne pas que la panique et le chaos s’emparent des personnes à interpeler. Dans un réseau d’une telle ampleur, dans des galeries et des passages si étroits, si la l’affolement prend place il est très difficile de contrôler la situation. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Les cataphiles qui séjournent parfois plusieurs jours sous terre creusent des chatières pour pouvoir contourner les passages condamnés par l'IGC (l'Inspection générale des carrières). Ils utilisent des bidons en plastique pour extraire la terre et la roche de ces passages étroits. Les explorations des galeries par les cataphiles fragilisent le réseau. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
La découverte d'objet pour creuser des tunnels clandestins est fréquente. Les policiers remontent à la surface tout objet permettant a des cataphiles d'explorer et fragiliser le réseau. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
Après 4 heures de patrouille, la brigade refait surface au lieu de rendez-vous. Les journées sont réglées à la minute près car seule la patrouille de police située à l'extérieur peut leur ouvrir. (photo Pierre Berthuel/8e étage)
De retour de patrouille, les policiers doivent nettoyer leur équipement. Pas question de se présenter devant le brigadier chef avec des traces de boue. Pour certains, la journée continue avec l’entrainement physique en salle de sport. (photo Pierre Berthuel/8e étage)

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