Qui sont vraiment les jeunes Iraniens ? La réponse des Instagrameurs

 La jeunesse iranienne a décidé d’utiliser Instagram comme moyen de protestation contre les conditions drastiques mises en place par le gouvernement pour les photos d’identité officielles.

(photo Instagram)
(photo Instagram)

Pour les hommes : pas de chapeau, de lunettes, de cravate, de bijou, de cheveux coiffés ou de rouflaquettes… Le front et les oreilles doivent être visibles et la couleur des vêtements différente de celle de l’arrière plan. Pour les femmes : hijab complet, utiliser un foulard classique sombre pour garantir une forme ronde du visage qui doit être visible, pas de maquillage ou de bijou ».

Les photos d’identité sont soumises à des règles très strictes en Iran pour être homologuées. Tellement rigides qu’elles feraient perdre à la carte d’identité iranienne sa principale fonction : permettre de reconnaître son porteur. En effet, beaucoup d’Iraniens ne ressembleraient pas du tout, au quotidien, à la photo de leur pièce d’identité. Une situation dénoncée sur les réseaux sociaux par la jeunesse iranienne grâce au hashtag « KarteMeliChallenge » (défi de la carte d’identité), rapporte la BBC.

Pour contester l’absurdité des règles mises en place par le gouvernement, des centaines de jeunes ont publié sur Instagram un selfie aux côtés de la photo officielle de leur carte d’identité. Le contraste entre les clichés inexpressifs en noir et blanc et les selfies colorés de jeunes au style visiblement radicalement opposé aux standards de la république islamique est frappant. Plus de 440 publications ont été recensées avec le hashtag #KarteMeliChallenge depuis qu’il a été lancé il y a deux semaines. Un compte Instagram, qui se fait le relais des publications (dontjudgechallengeTM), est quant à lui suivi par 121 000 personnes.

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La plupart des commentaires associés aux photos se concentrent cependant essentiellement sur l’apparence physique des personnes photographiées, avec beaucoup de remarques sarcastiques sur ceux qui semblent avoir eu recours à la chirurgie esthétique, très populaire dans le pays. « Le défi aurait plutôt dû être intitulé “avant et après le scalpel” » écrit par exemple un utilisateur du réseau social.

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Un code vestimentaire très strict est de rigueur en Iran depuis la révolution de 1979, en particulier pour les femmes qui sont obligées de porter le voile, quelle que soit leur confession ou leur nationalité. Un relâchement de la tenue vestimentaire des femmes ces dernières années a poussé le gouvernement à prendre des décisions sévères. Notamment, les autorités de la capitale Téhéran ont déclaré la semaine dernière que si la police constatait que la conductrice ou une passagère d’une voiture portait mal son voile, le véhicule serait saisi pendant une semaine et les fautives risqueraient une amende de plusieurs centaines d’euros.

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