Le Liberland pourrait devenir la troisième micro-nation du monde

 Le 13 avril, Vít Jedlička, un politicien tchèque membre du Parti des citoyens libres – parti politique “libertarien et eurosceptique” –, s’est autoproclamé président de sa propre micro-nation : le Liberland. Ce qui avait débuté comme un “simple geste de protestation” a réussi, en l’espace de quelques jours seulement, à générer un véritable engouement et semble en passe de se transformer en projet étatique.

Le Liberland, un petit bout de terre de sept kilomètres carrés niché entre la Serbie et la Croatie. (Capture d'écran : http://liberland.org/en/about/)
  Le Liberland, un petit bout de terre de sept kilomètres carrés coincé entre la Serbie et la Croatie.
(Capture d’écran :  Liberland.org)

Un pays sans taxe, ni armée. C’est la promesse faite par Vít Jedlička, membre du Parti des citoyens libres tchèque et président autoproclamé de la République libre de Liberland (en tchèque “Svobodná Republika Liberland”) aux futurs potentiels citoyens de la dernière micro-nation à avoir vu le jour sur le sol européen.

Simple coup de comm’ ? Pas du tout, a déclaré le politicien de 31 ans. A l’en croire, le petit bout de terre de sept kilomètres carrés, situé sur la rive ouest du Danube et jusqu’alors considéré “terra nullius” en raison d’une vieille dispute territoriale opposant encore de nos jours la Croatie et la Serbie, “ne rentre aucunement en conflit” avec la souveraineté territoriale de ses voisins.

Aux premières heures, la création du Liberland – officialisée d’un simple planté de drapeau sous l’œil d’un groupe de quatre personnes, eux-mêmes devenus les premiers citoyens du Liberland, et de la gravure du nom du pays sur une plaque minéralogique – avait de quoi laisser sceptique. Pourtant, moins d’une semaine plus tard, la publication de multiples communiqués sur le site Internet officiel de la micro-nation et les nombreuses interviews données par Vít Jedlička aux médias internationaux semblent laisser peu de place au doute quant au caractère on ne peut plus sérieux de la démarche.

Ce dernier a invité les gens du monde entier à soumettre leur demande de citoyenneté (qui peut être digitale ou résidentielle) en lui envoyant un e-mail accompagné d’un scan d’une photo d’identité et d’une lettre de motivation. Une semaine plus tard, le succès semble bien être au rendez-vous. Un statut publié hier sur la page Facebook du “gouvernement” du Liberland explique que la micro-nation aurait déjà reçu près de 160 000 candidatures.

Le drapeau du Liberland.
Le drapeau du Liberland.

Bien que les demandes de citoyenneté soient, en théorie, ouvertes à “tous ceux qui partagent les idées libertariennes en matière de liberté de la personne et de la propriété privée”, il est également précisé sur le site Internet officiel que le Liberland ne considérera pas les candidatures en provenance de “communistes présents ou passés”, “de nazis” ou encore “de quiconque possédant un passif judiciaire inacceptable”. Vít Jedlička précise aussi que les futurs citoyens seront triées sur le volet et que, dans un premier temps, seules 3000 à 5000 personnes pourront espérer se voir décerner des papiers d’identité.

Au fil des jours, la micro-nation, qui se veut être une “république constitutionnelle agrémentée d’éléments de démocratie directe”, semble réussir à rassembler de plus en plus d’attributs d’un véritable État. Il est dorénavant possible d’en consulter les statuts, ainsi que la position géographique, sur le site Internet officiel.

Vít Jedlička, qui serait actuellement en train de rédiger la constitution du Liberland, dit vouloir prendre pour modèles des pays déjà existants, comme Monaco ou le Liechtenstein. Dans cet esprit, il a été décidé que la micro-nation posséderait plusieurs langues officielles dont le tchèque, l’anglais, le hongrois et le serbo-croate. La mise en circulation d’une monnaie officielle, entièrement dématérialisée, serait également à l’étude.

A travers la création du Liberland, Vít Jedlička prétend vouloir créer une société où “les honnêtes gens peuvent prospérer sans avoir à subir l’oppression des gouvernement qui leur gâchent la vie en leur imposant des fardeaux comme les taxes et les restrictions superflues”, rapporte Le Time.

Pourtant, cette micro-nation de sept kilomètres carrés a-t-elle une chance de pouvoir un jour prétendre au titre de troisième micro-État de la planète (derrière Monaco et le Vatican) en regard de sa superficie ? Oui et non. Tout d’abord, la devise officielle du Liberland ayant beau être “vivre et laisser vivre”, il n’est vraiment pas sûr que cette dernière soit partagée par ses voisins. Ainsi, si la Croatie et/ou la Serbie décident à leur tour de revendiquer ce territoire, il semble très peu probable que la micro-nation n’ait les moyens de s’y opposer d’une quelconque manière. C’est ce qui était arrivé aux créateurs de la République de Minerve lorsque le roi du Tonga avait décidé de revendiquer, lui-aussi, le territoire de la micro-nation. Vít Jedlička a d’ailleurs déclaré que la seule chose qui pourrait stopper la création de Liberland serait l’intervention d’une armée.

Surtout, même dans l’optique où les États voisins décideraient de ne pas s’en mêler, un succès d’estime sur les réseaux sociaux (presque 100 000 fans sur sa page Facebook) et de nombreux candidats à la citoyenneté ne garantit aucunement au Liberland d’obtenir un jour le statut de nation indépendante auquel il prétend. Pour ce faire, il lui faudra d’abord réussir à être formellement reconnu comme tel par plusieurs nations officielles ou organismes transnationaux, un prérequis que la plupart des aspirants micro-États n’arrivent jamais à remplir, même avec toute la bonne volonté du monde.

Recommandé pour vous

1 commentaires

  1. Dialecticus 8 années ago

    A titre d’illustration, on peut visionner un reportage d’Euro News

    https://www.youtube.com/watch?v=Cu1AwZV6eNs

    Répondre Like Dislike