Alors que la majorité des lycéens sillonnent les routes des Etats-Unis pour visiter les établissements universitaires qu’ils convoitent, une poignée de familles issues des 1% les plus riches s’adressent à des compagnies d’aviation privées qui ont rapidement su marketer ce commerce juteux.
La fin de l’année scolaire approche et, aux États-Unis, il est temps pour les lycéens en dernière année de faire un des choix les plus importants de leur vie : celui de l’université dans laquelle ils étudieront. Si la culture américaine – les films et les séries notamment – a souvent essayé de nous mettre en empathie avec ces jeunes adultes rongés par l’angoisse de savoir s’ils pourront intégrer une université à la hauteur de leurs espérances (même souvent davantage de celles de leurs parents) ou s’ils ne vont pas étudier trop loin de leur petit(e) ami(e) de lycée, jamais ces chefs-d’œuvre audiovisuels ne se sont penchés sur l’aspect pratique de cette étape indispensable dans la vie d’un jeune américain.
Pour la plupart des étasuniens, la visite des universités se fait en voiture ou en train, pour un périple long et ennuyeux, ponctué de haltes dans des motels miteux. Mais selon le New York Post, de plus en plus parents dépenseraient plusieurs dizaines de milliers de dollars pour permettre à leurs enfants privilégiés de visiter cinq ou six universités en l’espace de seulement deux ou trois jours. Pour le prix de trois années de frais de scolarité à Harvard – 150 000 dollars – l’entreprise de jets privés Magellan Jets propose par exemple un circuit de neuf jours comprenant un passage par les universités du Colorado, de Northfield, Northwestern, Washington, Baltimore, Williams-town, Lewinston et Waterville.
Et pour les budgets plus modestes, Magellan a eu la présence d’esprit de proposer un forfait à 43 500 dollars, comprenant 10 heures de vol et, en bonus, une multitude de vêtements estampillés du nom des universités visitées. La compagnie promet aussi de vous mettre en relation par téléphone ou de visu avec des anciens étudiants « prestigieux » (comprenez « fortunés ») des dites universités. En plus d’un service de haut standing – et de la possibilité d’agrémenter son compte Instagram de quelques photos facilement assimilables au hashtag #RichKids –, le tour des universités en jet privé permet aux futurs étudiants d’atterrir sur des petits aéroports non desservis par les vols commerciaux traditionnels et donc de visiter plusieurs universités en une seule journée.
« Il s’agit moins d’une dépense inconsidérée que d’un gain de temps », a insisté le PDG de Jet Edge, un concurrent de Magellan, au New York Post. La compagnie propose la visite de six universités en trois jours pour environ 80 000 dollars. Bien évidemment, à ce prix là, vous aurez droit à un plateau repas composé de mets en provenance des meilleurs restaurants du pays, servis par un personnel de bord aux petits soins, et à une Lincoln Town Car (limousine américaine) directement à la descente de l’avion, sur le tarmac. Mais selon une pilote de Magellan Jets, certaines familles préfèrent embarquer avec leur propre personnel de maison, afin de ne pas être dépaysées.
Pendant le vol, les passagers peuvent aussi s’informer sur les facultés qu’ils s’apprêtent à visiter en lisant un livret fourni par une entreprise de « conseil en université » dont l’objectif est d’aider les jeunes à intégrer l’établissement de leurs rêves. A leur retour dans le jet, les familles pourront faire part de leurs observations sur les différentes universités au personnel accompagnant qui se chargera de les retranscrire dans un format « facilement lisible pour tous ». En somme, un bon moyen pour les parents de préparer leurs enfants à quitter le cocon familial en or massif.
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