De l’eau sacrée du Gange en bouteilles envoyée par la poste. C’est la promesse qu’a fait le gouvernement indien aux hindous pour répondre à leurs « besoins culturels sous-jacents », ainsi que l’a expliqué le ministre indien des Communications, Ravi Shakar Prasad, dans les pages du Telegraph :
Si un postier est capable de livrer des téléphones portables, des saris, des bijoux et des vêtements, pourquoi pas de l’eau du Gange ?
De nos jours, l’hindouisme, troisième religion la plus pratiquée dans le monde après le christianisme et l’islam, demeure la première religion du pays. Près de 80% des quelque 1,25 milliard d’habitants de la République de l’Inde se disent hindous. Pour une grande partie d’entre eux, l’eau du Gange continue d’être considérée comme sacrée. Elle aurait notamment le pouvoir de les purifier de leurs péchés. Dans le pays, de nombreuses fêtes religieuses, qui occupent une place centrale dans la pratique de cette religion, nécessitent de s’en asperger.
Comme le précise le Telegraph, le ministre des Communications a demandé aux services postaux de mettre en place une plateforme d’e-commerce dédiée afin d’envoyer le plus efficacement possible cette eau aux croyants des quatre coins du pays, sans fournir plus de détails logistiques. La poste indienne a quant à elle indiqué qu’elle se préparait à ouvrir prochainement des kiosques proposant à la vente cette eau sacrée. Elle a ajouté être en contact avec des sociétés d’emballage et de transport, comme le rapporte l’Indian Times.
Le gouvernement du Bharatiya Janata Party (BJP, « Parti du peuple indien »), parti nationaliste hindou actuellement au pouvoir, a également indiqué envisager de subventionner cette eau. À l’heure actuelle, le secteur est majoritairement dominé par de petites entreprises de e-commerce qui la vende à des prix exorbitants.
Du côté des Indiens, les réactions sont mitigées. D’un côté, les plus fervents tendent à se réjouir à l’idée de pouvoir acquérir l’eau sacrée plus facilement. Pourtant, nombreux sont ceux qui accusent le gouvernement de tomber dans le populisme, comme Seema Mustafa, une militante interrogée par le Telegraph : « Le gouvernement Modi ferait mieux de s’occuper d’autres sujets bien plus sérieux […], au lieu de s’impliquer dans la vente des eaux du Gange ».
On ne semble pas convaincu non plus du côté des défenseurs de l’environnement. En effet, beaucoup considèrent que ces mesures très publicisées risquent de détourner l’attention populaire de la nécessité d’assainir l’eau du Gange, qui reste l’un des fleuves les plus pollués au monde.
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