A partir de septembre prochain, tous les étudiants de l’université catholique Péter Pázmány, à Budapest, auront l’obligation de suivre un cours sur l’Holocauste pour obtenir leur diplôme, et ce qu’importe leur cursus. L’initiative, unique en son genre sur le continent européen, a été qualifiée « d’étape importante » par l’ambassadeur israélien en Hongrie.

(Photo Flicker/ marydoll1952)
Afin d’obtenir leur diplôme, l’intégralité des près de 10 000 étudiants de l’université catholique Péter Pázmány, située à Budapest, se devront de suivre un cours intitulé « L’Holocauste et sa mémoire », préparé avec l’aide de professeurs de l’université de Tel Aviv, rapportait ce mardi le site d’information hongrois Index.
Qu’importe la formation des étudiants de Péter Pázmány (il est possible d’y étudier les sciences humaines, la théologie, le droit et les sciences de l’éducation), la totalité des cursus seront concernés. La mesure devrait entrer en vigueur à partir de septembre prochain. A noter qu’un autre cours, intitulé « Introduction à la foi Catholique » deviendra lui aussi obligatoire à la même période.
Le recteur de l’université, Szabolcs Szuromi, a publiquement annoncé cette décision au côté d’Ilan Mor, l’ambassadeur israélien en Hongrie. Ce dernier a salué une initiative « unique en son genre à l’échelle européenne » qu’il a qualifiée « d’étape importante » pour la Hongrie.
La population juive de Hongrie a connu de très nombreuses pertes humaines pendant l’Holocauste. Plus de 400 000 juifs hongrois ont été déportés dans les camps d’Auschwitz-Birkenau en 1944. Des milliers d’autres ont été assassinés à Budapest par des membres du Parti des Croix fléchées (un parti fasciste, pro-germanique et antisémite, qui fût à la tête du pays d’octobre 1944 à mars 1945), portant le nombre de victimes juives supposées à près de 600 000.
La manière dont la Hongrie commémore cette sombre page de son histoire a été la cible de nombreuses critiques ces dernières années. En 2014, le gouvernement conservateur de Viktor Orbán a fait construire un monument en l’honneur des victimes de l’occupation Nazie de mars 1944 place de la Liberté (Szabadság tér). Ce dernier représente un aigle courroucé (l’Allemagne Nazie) s’abattant sur l’archange Gabriel (le royaume de Hongrie). Selon ses détracteurs, ce choix iconographique tendrait à faire passer le pays pour une victime innocente de l’occupation Nazie, passant allègrement sous silence le rôle de l’État hongrois dans l’Holocauste.
De nombreuses personnalités hongroises s’opposent actuellement à ce qu’elles dénoncent comme une tentative de réécrire l’histoire. « En refaisant les repères culturels, le gouvernement est en train d’essayer de refaire l’histoire », commentait l’année dernière Amy Brouillette, chercheuse spécialisée dans l’étude des médias à l’université d’Europe Centrale de Budapest.
De nos jours, la Hongrie héberge la plus importante communauté juive d’Europe centrale, estimée à près de 100 000 personnes. Pourtant, depuis 2003, plusieurs membres du parti d’extrême droite nationaliste Jobbik, devenu en 2014 troisième parti politique du pays (en nombre d’élus siégeant à l’Assemblée Nationale), se sont faits remarquer pour leurs propos à caractère antisémite. A en croire de récents sondages, le nombre de Hongrois adhérant à des idées antisémites serait en constante augmentation ces dernières années.
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