[Jeu de cartes] Tous les bateaux du monde à portée de clic 🔒

Cette semaine dans « Jeu de cartes », notre chronique hebdomadaire toute en cartes, nous vous proposons un tour en mer depuis le confort de votre fauteuil. Géolocaliser un bateau n’importe où dans le monde n’a jamais été aussi simple. Pourquoi ? Une part toujours plus importante d’entre eux est désormais équipée d’un système signalant leur position toutes les deux secondes. Pour rendre cette information accessible au grand public, de nombreux sites Internet proposent désormais une interface permettant d’observer l’ensemble du trafic maritime mondial, et ce gratuitement et en temps réel.

(Photo Flickr/ Bernard Spragg. NZ)
(Photo Flickr/ Bernard Spragg. NZ)

Vous aimeriez peut-être voir où se trouve exactement le ferry qui s’est récemment échoué à Calais ? Vous vous demandez combien de navires sont passés par le canal de Suez aujourd’hui ? Ou bien sont-ce plutôt les pérégrinations du plus gros yacht du monde qui vous intéressent ?

Qu’importe l’objet de votre recherche, s’il est équipé de Système d’identification automatique (SIA), un système d’échanges automatisés de messages entre navires par radio VHF et par satellite qui signale sa position toutes les deux secondes, et d’une liaison satellite, il y a de fortes chances que vous puissiez le suivre à la trace depuis votre fauteuil. Ce système, qui équipe aussi parfois des phares et des bouées, voire des membres d’équipages (par exemple, au cas où ces derniers tomberaient à l’eau), permet de connaître facilement le type, mais aussi la position exacte ou encore le cap et la vitesse, d’un navire en étant équipé.

Mieux encore, des sites comme Marine Traffic proposent d’ingénieuses interfaces géographiques permettant d’observer une bonne partie du trafic maritime mondial. Résultat d’un projet universitaire, cette plateforme centralise les mouvements des navires équipés de l’AIS, avant de les rendre accessibles au grand public gratuitement et en temps réel grâce à une Google Map (ci-dessous) :

(Capture d'écran  Marine traffic)
(Capture d’écran  Marine traffic)

Pétroliers en rouge, bateaux de pêche en orange, cargos en verts, navires à passagers en bleu ou encore bateaux de plaisance en rose. Un code couleur permet d’identifier facilement les différents types de navires. Les ronds indiquent les bâtiments n’étant pas en mouvement, ou ayant une vitesse inférieure à 0,5 nœud, alors que les triangles montrent ceux qui suivent actuellement leur cap en pointant en direction de celui-ci.

Il suffit de placer sa souris sur l’icône d’un bateau, pour voir apparaître son cap, son nom, sa vitesse. Un clic sur l’icône permettra d’afficher une fiche signalétique et même parfois une photo — si ces informations ont été renseignées.

Enfin, le moteur de recherche permet de trouver un bateau en y entrant son nom. Rappelons tout de même qu’il est nécessaire qu’un navire soit équipé d’une liaison satellite pour qu’il puisse donner sa position lorsqu’il se trouve au large. Sans cela, il n’apparaîtra sur Marine Traffic que lorsqu’il s’approchera des côtes.

Il convient aussi de préciser que si être équipé du SIA (Système d’identification automatique) devient progressivement la norme, beaucoup d’embarcations n’en ont toujours pas à bord. Ainsi, la carte ne prétend aucunement montrer l’ensemble des bateaux du monde.

Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est l’écrasante domination des cargos, des pétroliers et dans une moindre mesure des navires de pêche, sur nos océans. Après tout, cela n’a rien de bien étonnant lorsque l’on sait que les mers et océans, communiquant les uns avec les autres, représentent près de 71 % de la surface du globe. Pas de doute, les routes commerciales maritimes offrent de formidables possibilités d’échange et de communication et représentent des enjeux géostratégiques majeurs.

Un zoom sur le Canal de Suez suffit pour comprendre toute son importance stratégique. (Capture d'écran  )
Un zoom sur une zone à fort trafic maritime comme le Canal de Suez, embouteillé de cargos et autres pétroliers, suffit à rappeler toute son importance stratégique.
(Capture d’écran  Marine traffic)

Précisons également qu’à part Marine Traffic, il existe de nombreux sites permettant de connaître en direct la position des navires. Parmi ceux-ci, nous citerons Vessel Finder, Ship Finder ou encore Fleetmon.

Certains proposent des visualisations de données plus impressionnantes encore. C’est par exemple le cas de celle ci-dessous, qui, si elle ne propose pas de suivre les déplacements des bateaux en direct, a le mérite de permettre de mieux se rendre compte de l’ampleur du trafic maritime moderne. Pour cause, elle compile la bagatelle de 250 millions de points de données représentant les mouvements des flottes commerciales du monde, heure par heure, au cours de l’année 2012 :

Résultat d’une coopération entre Kiln, une entreprise spécialisée dans la création de visualisations de données, et le UCL Energy Institute, elle indique les émissions de CO2 en milliers de tonnes de ces navires, mais aussi le total des marchandises transportées. Ce faisant, elle les sépare en cinq catégories : les conteneurs, les transporteurs de vrac sec (NDLR, ce qui désigne des marchandises non emballées ou non arrimées), les transporteurs de vrac liquide (NDLR, de type liquides alimentaires, produits pétroliers ou encore chimiques), ceux qui acheminent du gaz naturel et enfin ceux qui acheminent des véhicules.

Si les chiffres qui défilent donnent vite le tournis, cette carte permet aussi de mettre en évidence les routes commerciales. Il est fascinant de voir à quel point cela fourmille à proximité de l’Europe, de l’Inde, de l’Asie du Sud-Est (et tout particulièrement de la Chine). En comparaison, les eaux qui bordent les continents nord et sud-américains paraissent bien calmes.

Il est aussi intéressant de s’intéresser au trafic fluvial qui anime les grands fleuves du monde (celui du Yangtze est particulièrement impressionnant). À l’inverse, il suffit de s’aventurer à proximité des côtes somaliennes pour s’apercevoir que les propriétaires de bateaux, probablement traumatisés, à juste titre, par les 237 attaques de pirates de l’année 2011, évitaient sérieusement la région l’année suivante.

Le sujet vous intéresse ? Nous vous invitons à consulter par vous-même le site de Marine Traffic ou de l’un de ses concurrents cités plus haut dans cet article. Bonne lecture.

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