Le gouvernement kirghiz souhaite aider les chefs religieux du pays qui se revendiquent d’un islam modéré à mieux faire entendre leur voix sur Internet, espérant ainsi réduire l’influence des islamistes radicaux dans la région. Pour ce faire, il vient de mettre en place un tout nouveau programme visant à former les imams au digital.

Pour beaucoup, il s’agit du premier contact avec l’univers des technologies digitales. Plus de 150 imams en provenance de diverses régions du Kirghizistan séjournent actuellement dans la région de Bichkek, capitale de ce petit pays d’Asie Centrale, pour y suivre une formation d’un nouveau genre proposée par le gouvernement kirghiz. Objectif : apprendre à mieux communiquer sur Internet afin de pouvoir toucher un plus grand nombre de fidèles et ainsi « se reconnecter » avec les plus jeunes. C’est ce qu’explique un reportage vidéo publié fin août sur Radio Free Europe Radio Liberty.
Pourtant tous ne sont pas les bienvenus à ces cours. En effet, ne trouveront les portes des salles de classe ouvertes que ceux qui se revendiquent d’un islam modéré. Pourquoi ? Tout simplement car, avec ce programme, le gouvernement kirghiz ambitionne de couper l’herbe sous le pied aux organisations d’idéologie salafiste djihadiste, à l’instar de l’Organisation de l’État Islamique. Rappelons que ces derniers se servent intensément des réseaux sociaux comme espace pour recruter des aspirants djihadistes.
La formation, « dispensée dans un langage aussi simple et clair que possible », devrait couvrir l’intégralité des bases nécessaires à une bonne utilisation des médias en ligne. Au programme : « comment se servir d’un smartphone » ; « interagir sur les réseaux sociaux » ; ou encore « utiliser les messageries instantanées de type Whatsapp ». Des discussions sur le rôle d’un imam dans le monde moderne — à la fois en ligne et dans la vraie vie — sont également prévues.
Face au succès rencontré par le programme initial dans la capitale, des cours similaires devraient prochainement voir le jour dans d’autres grandes villes du pays. Les imams n’ayant pas pu faire le déplacement pourront donc bientôt bénéficier eux aussi d’une formation.
A l’image du Kirghizistan, plusieurs autres républiques d’Asie Centrale ont récemment décidé d’intensifier leur lutte contre les dérives auxquelles peut conduire l’intégrisme religieux, sujet longtemps resté tabou dans cette région du monde. Si certaines initiatives se sont révélées plus adroites que d’autres, ce ne sont cependant pas les raisons d’espérer qui manquent. Au Kazakhstan voisin par exemple, c’est par le théâtre que certains espèrent mettre un frein au processus de radicalisation.
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