L’Iran ouvre 150 centres de désintoxication pour alcooliques

 L’alcoolisme, bien que l’alcool soit interdit par la loi en Iran, est devenu un problème dans le pays. Le gouvernement a décidé de délivrer des soins.

"La vente de bières et de boissons alcoolisées est réservée aux non-musulmans" (Photo Flickr/Paul Fenwick)
“La vente de bières et de boissons alcoolisées est réservée aux non-musulmans”  (Photo Flickr/ Paul Fenwick)

Depuis la révolution islamique de 1979, l’alcool est banni en Iran. Pourtant, selon les chiffres du gouvernement, 200 000 individus en consommeraient régulièrement. Une estimation qui s’élève même à un million selon une étude de l’association de toxicologie médicale d’Asie Pacifique (APAMT). Pour lutter contre ce fléau, le gouvernement souhaite ouvrir 150 centres de désintoxication, rapporte le Washington Post.

L’Iran se situe au 166e rang des consommateurs d’alcool (consommation par habitant). Mais ces données peuvent encore une fois être nuancées, rappelle International Business Times, en citant Marjan Namazi, de l’Université de Téhéran :

« Si l’on regarde les chiffres pour les personnes qui boivent au moins 35 litres d’alcool par an, le pays se place alors à la 19e place mondiale. »

L’étude de l’APAMT estime que 70% de ces consommateurs réguliers sont des hommes, contre 30% de femmes. Exception faite des non-musulmans, qui ont le droit de produire leurs breuvages pour leur consommation personnelle, les Iraniens, hommes comme femmes, risquent 80 coups de fouet s’ils se font attraper. La loi prévoit même la peine de mort, même si cela se voit très peu en pratique, précise le Washington Post. Malgré ces lourdes peines, beaucoup d’Iraniens n’hésitent pas à braver l’interdit : le marché noir de l’alcool, fourni essentiellement par la Turquie et le Kurdistan irakien, est florissant. Il rapporterait plusieurs millions de dollars chaque année.

Qui dit interdiction dit également prix élevés et mauvaise qualité. En Iran, entre ceux qui distillent eux-mêmes leur alcool faute de moyens, et ceux qui l’achètent via le marché noir, les risques d’addiction et de toxicité sont beaucoup plus élevés, souligne l’Iran Wire. Le journal interroge un ancien alcoolique iranien, Alireza :

« Cette manière pathologique de boire, en plus dans la clandestinité, augmente le risque de devenir alcoolique de façon exponentielle ».

Il « pense que si les gens avaient le droit d’aller quelque part pour boire un verre de vin ou une bière sans que ce soit illégal ou considéré comme anti-islamique, beaucoup d’Iraniens ne se précipiteraient pas dans l’alcoolisme comme des fous ».

Fin décembre 2013, l’Iran avait ouvert un premier centre de désintoxication à Téhéran. Mais comme l’alcool demeure un tabou, sa portée est restée limitée. Des associations d’alcooliques anonymes existent également. Avec la création de ces nouveaux centres, le gouvernement veut proposer des programmes éducatifs, et même une possibilité d’hospitalisation dans 6 des 150 établissements.

Dans le monde, une douzaine de pays interdisent totalement ou partiellement la consommation d’alcool. Parmi eux figurent l’Irak, les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Pakistan, la Libye ou encore l’Inde. Bien souvent, ce sont des facteurs religieux qui édictent ces règles. Pourtant, comme le rappelle The Economist, l’alcool n’a pas toujours été banni par la culture musulmane, au contraire. « Personne ne sait exactement quand les érudits islamiques ont décidé que l’alcool était un péché », explique le journaliste. Le mot trouverait lui-même sa racine dans l’arabe, tout comme les premières liqueurs seraient nées au Moyen Orient. Le magazine anglais a interrogé un homme qui fait partie des 5% de musulmans qui concèdent consommer de l’alcool : « Le Coran interdit d’être saoul, mais une bière ou 2, ça ne fait pas de mal. C’est un problème entre moi et Allah ».

Recommandé pour vous

0 commentaires