Pour pouvoir espérer travailler dans les pays du Golfe persique comme employées de maison, des Sri-lankaises sont contraintes par des cabinets de recrutement peu scrupuleux à faire usage de contraceptifs, parfois à leur insu, pour ne pas tomber enceintes au cours de leurs trois premiers mois de leur contrat.

La « kafala » est un système de « parrainage » où de riches employeurs permettent à leurs employés étrangers d’obtenir un visa de travail pour travailler dans les pays du Golfe persique, qui sépare l’Iran de la péninsule Arabique. Un grand nombre de ses bénéficiaires sont des femmes, souvent venues d’Afrique ou d’Asie, pour travailler comme employées de maison. Problème : ce système est connu pour favoriser les abus, comme ne cessent de le dénoncer les organisations de protections de droits de l’homme et des migrants.
Dernière occurrence en date, au Sri Lanka, État insulaire du sous-continent indien situé au sud-est de l’Inde duquel de nombreuses employées de maison du Golfe sont originaires, où des agences de recrutements garantissent aux employeurs potentiels que leur employée ne tombera pas enceinte au cours des trois premiers mois de son contrat, comme le révèle le Guardian.
Comme l’explique le quotidien britannique, de nombreuses Sri-Lankaises qui acceptent de partir travailler dans les pays du Golfe appartiendraient à l’ethnie tamoule, un groupe dravidien originaire de l’État du Tamil Nadu, en Inde et du nord-est du Sri Lanka. Obligées de partir à l’étranger pour espérer subvenir seules aux besoins de leur famille, dans un pays qui ne parvient toujours pas à tourner la page d’une terrible guerre civile, elles se retrouveraient dos au mur, contraintes de se plier aux clauses abusives que leur imposent certains recruteurs peu scrupuleux.
« Avant que nous puissions envoyer une employée de maison [dans le Golfe], il y a un examen médical conduit par le gouvernement. Mais, une fois l’examen médical passé… il existe une méthode que nous pouvons leur proposer. », décrit ainsi un employé de l’agence de recrutement Gulf Jobs, à Colombo, la capitale du Sri Lanka. Le Guardian précise qu’aucune employée de maison n’a accepté de témoigner ouvertement sur ces pratiques dans ses pages. Cependant, des sources concordantes semblent indiquer que plusieurs agences de recrutement obligeraient ces femmes à se faire injecter du Depo-Provera, un contraceptif à longue durée d’action efficace pendant trois mois.
Rahini Bhaskaran, coordinateur chez Migrants Network, une ONG qui vise à promouvoir le respect des droits des migrants, explique que « la plupart des femmes ne savent pas à quoi servent les injections. On ne leur dit rien à ce sujet ». Selon lui, les contraceptifs servent un double objectif : garantir aux employeurs que leurs employées potentielles n’interrompront pas leur contrat à cause d’une grossesse et camoufler les traces de potentielles agressions sexuelles. « Certaines femmes pensent qu’il est nécessaire […] de coucher avec les recruteurs pour aller à l’étranger. Les agents persuadent ces femmes, en leur promettant dans certains cas de les épouser, puis les agressent. »
Il y aurait de nos jours près de 1,5 million de travailleurs et travailleuses domestiques rien qu’en Arabie saoudite. Pour satisfaire une demande toujours plus forte, les agences de recrutement y enverraient près de 40 000 femmes étrangères par mois, dont un nombre important de Sri-lankaises.
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