Des pinces, fixées à deux bras mécaniques censés être solidaires d’un bulldozer. Voici Tena : un robot ambulancier imaginé par deux jeunes ingénieurs en génie industriel, au fond d’un hangar, près de la frontière syrienne, coté turc. « Nous avons eu l’idée de fabriquer Tena après avoir été témoin d’une scène terrifiante, à Alep, en juillet 2012. Une femme avait été touchée par un tir de sniper et personne ne pouvait aller la secourir par crainte d’être touché à son tour », confie Ahmed Haydar, un des deux ingénieurs à l’origine du projet, sur The Observers.
Car c’est l’une des spécificités de ce conflit qui dure depuis maintenant 3 ans et qui oppose les forces régulières à l’armée syrienne libre : les tireurs embusqués sont partout. Non seulement ils abattent délibérément femmes et enfants mais ils tirent aussi sur ceux qui essayent de secourir les victimes, au nombre de 146 000 depuis le début du conflit.
Grâce à leurs 15 000 dollars d’économies et quelques centaines de dollars de dons, ils ont pu construire le premier prototype : deux bras mécaniques contrôlables à distance capables de secourir des adultes comme des enfants. Mais pour que le robot soit pleinement efficace, il faudrait qu’il soit monté sur un bulldozer. Un service qu’ils ont demandé à des membres de la rébellion syrienne. « En contrepartie, ils voulaient que nous construisions un robot similaire à Tena mais dont les bras seraient remplacés par des mitraillettes. Nous avons évidemment refusé », explique Ahmed Haydar. Solliciter l’aide des ONG internationales n’a rien donné non plus, conclut l’ingénieur : « Toutes nous ont félicité pour notre travail mais ont dit ne pas pouvoir nous aider, “faute de moyens”. »
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