À en croire l’agence de presse gouvernementale tadjik Khovar, une planète naine, située quelque part entre Mars et Jupiter, viendrait d’être rebaptisée Tadjikistan afin de souligner la contribution des scientifiques tadjiks en matière d’astrophysique. Seul problème, « The International Astrophysicists Union », l’organisation qui viendrait de faire cet honneur au petit pays d’Asie centrale, semblerait ne pas exister…

(Photo Flickr/ Prince Roy)
L’annonce hautement médiatisée de cet évènement sans précédent a été faite lors d’une cérémonie organisée à l’Université d’État Kulyab pour marquer le Jour de la Connaissance et des leçons de Paix. « L’une des planètes naines du système solaire », située entre Mars et Jupiter, viendrait d’être rebaptisée Tadjikistan.
A en croire l’agence de presse gouvernementale Khovar, « The International Astrophysicists Union » aurait eu la volonté de mettre l’accent sur la « contribution significative des scientifiques tadjiks en matière d’astrophysique et d’étude des substances spatiales ». C’est donc le plus officiellement du monde que le président Emomali Rahmon a pu recevoir de la main de Farhod Rahimi, président de l’Académie des Sciences du pays, un certificat estampillé « The International Astrophysicists Union », confirmant que la planète naine venait belle et bien de changer de nom.
Cette dernière, située à une distance approximative de 250 millions de kilomètres de la Terre et 463 millions de kilomètres du Soleil, mettrait apparemment cinq ans pour orbiter autour de notre étoile — soit précisément la durée d’un mandat du parlement tadjik, comme le fait ingénument remarquer The Guardian. Autre coïncidence incroyable, encore une fois selon l’agence Khovar, les deux Tadjikistans seraient actuellement situés aussi près l’un de l’autre que possible. Sautant sur l’occasion, une armée de scientifiques tadjiks serait déjà en train d’étudier la planète sous toutes ses coutures afin d’en déterminer les composants chimiques ainsi que les processus internes qui l’animent.
L’année 2015 semble donc s’avérer particulièrement fructueuse en matière d’astronomie pour ce petit pays montagneux d’Asie centrale. En effet, il y a seulement quelques mois de cela, la République du Tadjikistan avait déjà vu une autre planète être rebaptisée en l’honneur du scientifique tadjik Gulchekhra Kokhirova, enfin tout du moins à en croire une autre agence presse du nom d’AKIpress news agency.
Cependant, malgré les multiples détails donnés par l’agence de presse Khovar, nombreux sont ceux qui remettent en question la véracité d’une telle annonce. Certain allant même jusqu’à douter de l’existence de la dite planète. Ainsi, comme le fait remarquer le site d’Eurasianet, pas la moindre trace sur le web d’une quelconque organisation répondant au nom de « The International Astrophysicists Union ».
Et si une « International Astronomical Union (IAU) » semble quant à elle bien exister, il n’y est fait strictement aucune mention d’une planète portant le nom de Tadjikistan sur son site Internet. Contactée par le Washington Post, l’organisation a d’ailleurs refusé de commenter cette information. De plus, aucun organisme scientifique un tant soit peu crédible ne semble pour l’heure avoir l’intention de confirmer le changement de nom de l’astre. Pour finir, s’il existe réellement un certain nombre de planètes naines qui gravitent dans notre système solaire entre Mars et Jupiter, elles ont déjà toutes été nommées.
Tout porte donc à croire que nous sommes en présence d’une nouvelle opération de communication maladroite du gouvernement auprès du peuple tadjik. Le but étant probablement de flatter la fierté nationale. Comme le rappelle The Guardian, Emomali Rahmon n’en est plus à son coup d’essai de ce côté là. Par le passé, le pays s’était déjà vanté d’avoir réalisé la hampe de drapeau la plus grande du monde, puis la bibliothèque la plus imposante d’Asie centrale, le plus grand musée et enfin, l’année dernière, le plus grand salon de thé de la région.
De manière similaire, en 2011, une obscure organisation du nom d’« European Council on International Relations » — à ne pas confondre avec le respectable think tank European Council on Foreign Relations — avait décerné au président Rahmon le titre de « Meilleur dirigeant du 21e siècle » afin de le récompenser pour sa lutte sans relâche contre la corruption, le respect de la dignité humaine, une gouvernance transparente, la liberté de la presse et enfin d’avoir construit des édifices nécessaires à la mise en place d’une vraie transition démocratique dans le pays. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
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