Afghanistan : La culture du pavot à opium en baisse pour la première fois depuis 6 ans

 183 000 hectares étaient dédiés à la culture du pavot à opium en Afghanistan en 2015 selon les statistiques du gouvernement. Ce sont 41 000 hectares de moins qu’en 2014, soit une baisse de près de 20% de la superficie totale des cultures de pavot, révèle un récent rapport du Bureau des Nations unies chargé de la drogue et de la criminalité (Unodc).

(Photo Flickr/ United Nations Photo)
(Photo Flickr/ United Nations Photo)

La politique antidrogue de Washington serait-elle finalement en train de payer ? La surface dédiée à la culture du pavot à opium en Afghanistan aurait diminué de 19 % en 2015 par rapport à l’année précédente. C’est la première fois depuis 2009 que les statistiques du ministère afghan de la lutte contre les stupéfiants et du Bureau des Nations Unies chargé de la drogue et de la criminalité (Unodc) montrent une diminution, et non une hausse, de la superficie totale des cultures de pavot dans le pays. De 224 000 hectares en 2014, cette dernière serait passée à approximativement 183 000. Autre bonne nouvelle, la même étude révèle également que la production potentielle de pavot en 2015 est évaluée à près de 3 300 tonnes, ce qui constituerait une baisse de près de 48% par rapport à l’année précédente.

« J’espère que ces résultats permettront de mener des politiques mieux informées et de continuer à capitaliser sur ces résultats durement acquis », a déclaré Yury Fedotov, le directeur exécutif de l’Unodc, dans un communiqué. Ce dernier a également tenu à rappeler que la poursuite de progrès dans ce domaine « dépend maintenant du degré de résolution du gouvernement afghan, et celui de la communauté internationale, qui doit [y] consacrer les ressources nécessaires et s’engager sur le long terme à contenir une menace qui met en péril toutes nos sociétés ».

À noter que, malgré ces bonnes nouvelles, le nombre de provinces afghanes productrices de pavot à opium aurait malgré tout augmenté. C’est notamment le cas de la province de Balkh, dans le nord du pays, qui avait pourtant été déclarée « province sans pavot » l’année dernière. Quant à celle d’Helmand, au sud-ouest de l’Afghanistan, elle demeure la première province productrice de la plante (avec environ 86 400 hectares dédiés à sa culture), devant celles de Farah (21 106) et de Kandahar (21 020).

Dans ce même communiqué, l’Unodc précise que la technologie utilisée pour la surveillance des cultures n’a jamais été aussi fiable et précise. À l’en croire, toutes ces estimations seraient donc extrêmement proches de la réalité.

Par ailleurs, les efforts menés par le gouvernement en matière d’éradication de cultures à opium commenceraient bel et bien à payer. L’Unodc considère les campagnes de lutte contre la plante comme 40% plus efficace qu’auparavant. De même, seules cinq personnes auraient perdu la vie et 18 auraient été blessées dans le cadre de ces campagnes d’éradication en 2015, contre 13 victimes et 26 blessés en 2014. Cette politique répressive ne serait pas seule responsable. En effet, même si ces bons résultats sont partiellement dus à la diminution des surfaces consacrées à la culture de la plante, ils seraient avant tout imputables à une baisse du rendement moyen par hectare dans la totalité des régions du pays.

Le pavot à opium, matière première nécessaire à la production de l’héroïne, est au cœur d’un marché très lucratif. Depuis des années, de multiples programmes dont le but est l’éradication pure et simple de cette production coûtent plusieurs milliards de dollars à la communauté internationale et plus particulièrement aux États-Unis. Pourtant, ces efforts semblaient jusque-là sans grands résultats, la culture de la plante semblant exploser un peu plus chaque année, et ce notamment dans le sud du pays, qui demeure encore partiellement sous contrôle des talibans. Comme le rappelait le journal le Monde l’année dernière dans l’un de ses articles, le pays reste toujours de loin, avec près de 80 % de la production en 2014, le premier pourvoyeur mondial de cette plante à l’échelle planétaire.

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