La ministre zimbabwéenne de l’Environnement a récemment fait savoir que le pays s’apprêtait à vendre des animaux sauvages (dont des lions et des éléphants) à la Chine. Objectif : financer la protection de la faune sauvage du pays et la lutte contre les braconniers. Une décision vertement critiquée par les organisations de défense des animaux du pays. Elles dénoncent une précédente vente en juillet dernier d’une centaine d’éléphants aux Chinois, dont beaucoup d’éléphanteaux âgés de cinq à sept ans. Une transaction qui aurait, à en croire l’ONG Zimbabwe Conservation Task Force, condamné les pachydermes « à une vie entière de traitements inhumains ».

Quel est le meilleur moyen de financer la sauvegarde des espèces menacées ? En vendant certains animaux pour protéger les autres, selon la ministre zimbabwéenne de l’Environnement, Oppah Muchinguri-Kashiri, comme nous l’apprend un récent article du Herald zimbabwéen. Très prochainement, des éléphants, des babouins, des hyènes ou encore des lions seront ainsi envoyés en Chine moyennant finances qui serviront à la sauvegarde de la faune sauvage du pays.
Cette annonce intervient alors que la ministre revient tout juste d’un voyage en Chine. Elle s’y était rendue pour inspecter les conditions de vie d’une centaine d’éléphants originaires du Zimbabwe vendus en juillet dernier aux Chinois au prix de 35 000 euros par spécimen. Visiblement satisfaite de ce qu’elle a pu voir, Muchinguri-Kashiri avait ensuite déclaré que le gouvernement zimbabwéen était prêt à renouveler l’expérience au plus vite. « Nous les vendrons sans hésiter. Et nous n’allons pas nous excuser auprès de qui que ce soit », a-t-elle ainsi déclaré à la suite de sa visite du parc safari de Chimelong, dans la province de Guangdong, en République populaire de Chine.
Ces propos ont une nouvelle fois provoqué l’ire des organisations locales de défense des animaux, à l’instar de la Zimbabwe Conservation Task Force (ZCTF). L’année dernière déjà, l’ONG avait publiquement dénoncé la capture, commanditée par le gouvernement, d’un nombre important de jeunes éléphants, âgés de seulement 5 à 7 ans selon les informations de l’organisation, dans le but de les revendre aux Chinois, les condamnant de fait « à une vie entière de traitements inhumains ». Des allégations que le gouvernement a toujours réfutées, avançant que les éléphants vendus à la Chine sont majoritairement des individus adultes.
Selon la ministre zimbabwéenne de l’Environnement, ces ventes, qui seront amenées à se répéter, sont nécessaires si le pays veut continuer à pouvoir gérer correctement des parcs nationaux qui se remettent mal d’une période prolongée de sécheresse et d’attaques répétées de braconniers. Dernier épisode en date, la découverte, en octobre dernier, des cadavres de 22 éléphants empoisonnés au cyanure pour leur ivoire dans le parc national Hwange.
À noter que, non sans ironie, le butin des braconniers est, lui aussi, bien souvent amené à terminer sa course dans les pays d’Asie, principalement en Chine et au Vietnam. L’ivoire y demeure en effet très prisé et est utilisé aussi bien pour en faire des bibelots qu’en vertu de ses soi-disant propriétés médicinales.
C’est pourtant sur les Chinois que Muchinguri-Kashiri base tous ses espoirs de victoire contre les braconniers. Elle a d’ailleurs demandé à Pékin de fournir à son pays des drones afin de pouvoir mieux surveiller ses parcs, comme le rapporte un article du Guardian :
« À l’heure actuelle, le monde est confronté à deux problèmes majeurs : le braconnage et le terrorisme. Nous devons par conséquent réunir les ressources nécessaires pour s’assurer de la subsistance des éléphants, en les vendant. Les braconniers recourent à des techniques de plus en plus sophistiquées, par conséquent nous devons nous aussi investir dans des moyens sophistiqués de lutte contre le braconnage ».
En l’espace de seulement 35 ans, la population totale des éléphants d’Afrique est passée de près de 1,2 million à moins de 500 000. Selon les prévisions les plus pessimistes, certaines populations d’éléphants pourraient totalement disparaître au cours de la prochaine décennie. À l’heure actuelle il resterait près de 84 000 éléphants au Zimbabwe.
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