Chine : Les chauffards identifiés par reconnaissance faciale

Comme chaque vendredi sur 8e étage, nous vous proposons « l’improbable ». L’idée : gratter le vernis anecdotique d’une information qui pourrait à première vue prêter à sourire pour en révéler des aspects que nous considérons dignes d’intérêt. Cette semaine, direction la Chine où la police devient décidément experte dans l’utilisation des techniques de reconnaissance faciale. Dernier exemple en date, à Shenzhen, où elle s’en sert pour identifier les automobilistes en infraction, qu’ils possèdent un permis de conduire valide ou non.

(Capture d'écran  SCMP)
(Capture d’écran  SCMP)

Les techniques de reconnaissance faciale sont déjà largement utilisées en Chine depuis quelques années. Nombreuses sont les villes qui s’en servent pour identifier, par exemple, les piétons qui traverseraient au rouge. Pris en flagrant délit, une photo de leur visage s’affiche en gros plan sur un écran installé au niveau de l’intersection, souvent suivie d’une vidéo de 15 secondes. Ce n’est pas tout. Ces informations sont instantanément croisées avec la base de données de la police. S’ils y figurent, les contrevenants auront « la chance » de voir s’afficher en prime, au vu et au su de tous, leurs nom, âge et numéro de carte d’identité. Cette nouvelle forme d’humiliation s’accompagne d’une amende, dispositif de dissuasion plus conventionnel, comme nous l’apprenions l’année dernière dans un article de Hong Kong Free Press repris sur la plateforme Global Voices.

Cependant, certaines villes chinoises vont plus loin encore. C’est le cas de Shenzhen, une ville sous-provinciale du Guangdong, située à proximité de Hong Kong, sur la côte sud-est du pays. En effet, comme nous l’apprenait récemment un article du South China Morning Post (SCMP), la police de cette métropole de 12 millions d’habitants a récemment commencé à envoyer des textos, accompagnés du montant de l’amende à payer, aux piétons traversant au rouge et ce à l’instant même de leur infraction. Une mesure qui aurait permis de grandement faire diminuer l’occurrence de ce type d’infractions.

Portée par son succès, la police de la ville a décidé qu’il était temps de déployer une technologie similaire à l’encontre des automobilistes peu respectueux du Code de la route. Le dispositif nommé « eletronic police system » vient d’être déployé à une intersection dans le cadre d’une période d’essai d’une semaine, avant son lancement officiel le 1er mai, précise le SCMP.

Le principe est très semblable à ce qui existe déjà pour les piétons : prendre une photo haute définition de la plaque d’immatriculation d’un véhicule en infraction, mais aussi du visage de son conducteur, ce qui permettrait potentiellement de l’identifier même dans l’éventualité où ce dernier ne posséderait pas de permis valide. Des informations qui seront là encore croisées avec la base de données de la police, en utilisant une technique avancée de reconnaissance facile. Dans un premier temps, 40 rues devraient tomber sur le coup de cette surveillance accrue début mai.

Selon des informations du Global Times, 16 villes, municipalités et provinces de Chine auraient d’ores et déjà recours au système de surveillance Sky Net, qui utilise des techniques avancées de reconnaissance faciale. Leur taux de précision serait de 99.8%. « Le système est assez rapide pour scanner la population de la Chine tout entière en l’espace de seulement une seconde. Et il lui faut deux secondes pour scanner la population mondiale », peut-on lire dans les pages du tabloïd citant Worker’s Daily, le quotidien national chinois.

Dans ce pays où la police a récemment commencé à s’équiper de lunettes de soleil avec reconnaissance faciale intégrée, ces systèmes ne sont pas seulement utilisés pour sanctionner des piétons et des automobilistes. Ainsi, Sky Net aurait déjà permis de confondre près de 2 000 fugitifs en l’espace de deux ans, comme le rappelait encore récemment Le Monde. Dernière occurrence, il y a seulement quelques jours, lorsque la police a arrêté un fugitif chinois repéré par une caméra équipée d’un système de reconnaissance faciale dans une foule de 60 000 personnes assistant à un concert du chanteur hongkongais Jacky Cheung. 1984 n’aura décidément jamais été autant d’actualité qu’en 2018.

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