En janvier, une pétition en ligne, lancée par une activiste de la cause animale, priait les autorités des onze villes russes qui accueilleront des matchs de la Coupe du monde de football 2018 d’arrêter de « résoudre » le problème des animaux errants en recourant à leur « élimination ». Deux mois plus tard, les promesses ont beau s’être multipliées, les actes n’ont visiblement pas suivis.

Un « bain de sang ». C’est ce que redoutent près de 1,5 million de personnes. Elles ont toutes signé une pétition en ligne demandant aux autorités russes d’arrêter de se livrer à « l’élimination » des chiens et chats errants des grandes villes russes dont les stades accueilleront des rencontres lors de la prochaine Coupe du Monde de football — où les autorités espèrent la venue de plus d’un million de touristes. « Nous ne demandons pas grand-chose […]. Juste que vous fassiez la même chose que dans les autres pays afin que nous n’ayons pas de bain de sang », peut-on ainsi lire.
La pétition a vu le jour fin janvier, après qu’une activiste russe de la cause animale, Ekaterina Dmitrieva, à la tête de l’ONG russe Fondation pour la Protection des Animaux Urbains, a découvert que les onze villes russes qui accueilleront des rencontres lors de la Coupe du Monde avaient publié en ligne des appels d’offres pour « résoudre » le problème des animaux errants dans leurs rues, comme l’explique Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). À l’en croire, ces villes auraient reçu une coquette somme du gouvernement afin de se débarrasser des animaux errants.
« J’ai personnellement trouvé [des appels d’offres pour] une valeur totale de 110 millions de roubles. C’est un demi-million d’euros en provenance de villes qui accueillent des matchs de la Coupe du Monde ou des camps d’entraînement », explique ainsi la jeune femme à RFE/RL. Elle précise que la seule ville d’Ekaterinbourg aurait consacré 32 millions de roubles à ces efforts macabres. Une somme conséquente avec laquelle les autorités pourraient, selon elle, « payer pour la stérilisation, la vaccination, et les soins pour ces animaux. Mais elles préfèrent juste les tuer ».
Les termes choisis dans les appels d’offres varient d’une ville à une autre. Ainsi, à Astrakhan ou Volgograd, on mentionne leur « destruction ». Dans d’autres villes, on préfère parler de leur « euthanasie » et de « l’utilisation des carcasses ».
Côté français, à la suite de ces révélations, la Fondation 30 Millions d’amis avait, en janvier dernier, interpellé le président russe Vladimir Poutine dans un communiqué, lui demandant « d’arrêter cette extermination d’animaux qui choque tant ». Visiblement, cela n’a pas suffi. En février, alors que l’attention médiatique commençait à retomber, Ekaterina Dmitrieva portait à l’attention du ministre des Sports russe, Vitaly Mutko, ces appels d’offres. Ce dernier s’était dit « surpris », mais avait alors refusé de faire des promesses concrètes.
Quelques jours plus tard, il faisait parvenir à la jeune femme un compte-rendu dans lequel il était précisé qu’il avait ordonné aux autorités régionales de « d’adopter des programmes humains pour contrôler les animaux errants ». Pourtant, le même jour, Ekaterina Dmitrieva trouvait en ligne de nouveaux appels d’offres dans la région de Volgograd. « Ils étaient dans la catégorie “organisation de festivités et d’évènements publics” […] La capture et la destruction d’animaux errants font visiblement partie intégrante des festivités dans l’oblast de Volgograd. Le cynisme est choquant. »
Début mars, un mois plus tard, la situation n’a pas beaucoup évolué, comme l’explique Ekaterina Dmitrieva dans un billet de blog publié sur Change.org. Les promesses des autorités russes ont beau s’être multipliées, les actes n’ont visiblement pas suivis.
Vous pouvez suivre la campagne d’Ekaterina Dmitrieva sur les réseaux sociaux en cherchant le hashtag #bloodyfifa2018.
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