En Italie, ce sont les marques de luxe qui rénovent les monuments historiques

 Dans un pays habité par l’Histoire, les fonds pour entretenir et rénover les sites historiques manquent. Alors, les autorités font appel aux entreprises privées.

La marque Tod's a injecté 20 millions d'euros dans la restauration du Colisée. (photo flickr/xambax)
 La marque Tod’s a injecté 20 millions d’euros dans la restauration du Colisée. (photo flickr/xambax)

La Piazza del Duomo à Pise, le Colisée à Rome ou encore le site archéologique de Pompéi représentent autant de joyaux culturels qui, au côté de 46 autres lieux emblématiques, ont fait de l’Italie le pays le plus doté en sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet argument touristique de poids, qui a attiré 42 millions de visiteurs en 2008, a ainsi placé l’Italie au 5e rang mondial des pays les plus visités du monde en 2009. Mais malgré la centaine de milliards d’euros générés chaque année par le tourisme & – 155,5 milliards en 2008 –, le pays peine à entretenir ses monuments.

Pourtant, noircis par la pollution ou, rongés par l’érosion, parfois sur le point de s’écrouler, les plus prestigieux vestiges de l’ancien monde ont besoin d’être rénovés. Ainsi, Matteo Renzi, président du Conseil italien a déclaré en mars dernier : « L’Italie est le pays de la culture. Alors, et je le demande aux chefs d’entreprise : qu’attendez-vous ? ». La Fontaine de Trevi par Fendi, le Colisée par le chausseur Tod’s ou la Place d’Espagne par le joaillier Bulgari, les grandes enseignes du luxe ont rapidement répondu présentes à coup de millions d’euros. En plus d’une exonération fiscale très alléchante, les entreprises auront droit à certains avantages pour avoir financé ces rénovations.

Si Fendi n’aura comme seul remerciement qu’une plaque « de la taille d’une boite à chaussures », raconte son PDG, apposée près de la fontaine pour rappeler son investissement d’1,7 millions d’euros dans le projet, le contrat conclut avec Tod’s pour la restauration du Colisée provoque l’ire des Italiens qui le qualifient de trop avantageux. En échange des 20 millions d’euros fournis pour rendre au Colisée sa couleur d’antan, le chausseur a réclamé d’apposer son logo sur les centaines de milliers de billets vendus chaque année par le monument. Il a également remporté le droit d’associer l’amphithéâtre romain à sa marque à des fins promotionnelles pour une durée de 15 ans.

Une controverse qui ne freine pas les autorités italiennes en charge de la culture dans leurs recherches de financements. La ville de Rome, par exemple, a récemment conclu un accord avec l’Arabie Saoudite pour financer la restauration du mausolée d’Auguste. Ignazio Marino, le maire de Rome, s’est aussi rendu à San Francisco en septembre dernier. Il a notamment tenté d’y établir des premiers contacts avec des millionnaires de la Silicon Valley qui seraient prêts à mettre leur fortune à contribution pour préserver le patrimoine historique italien. Acculé par les critiques de ceux qui craignent que Rome ne se transforme en un gigantesque parc d’attraction financé par les enseignes de luxe, il répond que « si quelqu’un veut vous donner 20 millions d’euros pour restaurer le Colisée, vous savez quoi ? Vous les prenez ! ».

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