En Inde, la pollution réduit l’espérance de vie de 3,2 ans

New Delhi et sa pollution matinale. (photo flickr/ben dalton)
 New Delhi et sa pollution matinale. (photo flickr/ben dalton)

Quand il est question de pollution en Asie, la Chine est presque toujours le premier exemple cité, avec son « fog », cet épais brouillard gris qui masque les buildings. Pourtant, la qualité de l’air semble beaucoup plus mauvaise en Inde, où 660 millions de personnes verraient leur espérance de vie diminuée de 3,2 ans, vient de révéler une nouvelle étude publiée dans Economic & Political Weekly, un prestigieux journal de Bombay.

Les barres indiquent le nombre de villes de chaque pays avec leur concentration moyenne annuelle respective de particules en suspension. Les barres rouges montrent les villes qui dépassent les normes qualité de l'air nationales (NAAQS). L'Organisation mondiale de la santé considère que la sécurité est établit jusqu'à une moyenne annuelle de 10 microgrammes par mètre cube. Les normes de qualité d'air de l'Inde ont fixé la limite à 40 microgrammes par mètre cube. (Greenstone et al, 2015)
Les barres indiquent le nombre de villes de chaque pays avec leur concentration moyenne annuelle respective de particules en suspension. Les barres rouges montrent les villes qui dépassent les normes qualité de l’air nationales (NAAQS). L’Organisation mondiale de la santé considère que la sécurité est établit jusqu’à une moyenne annuelle de 10 microgrammes par mètre cube. Les normes de qualité d’air de l’Inde ont fixé la limite à 40 microgrammes par mètre cube. (Greenstone et al, 2015)

Même si les chercheurs savent depuis longtemps que les effets de la pollution sont catastrophiques pour le corps humain, ils ont toujours eu beaucoup de difficultés à mesurer précisément l’impact de la pollution chez l’Homme. Ainsi, il y a quelques années, l’économiste Michael Greenstone et ses collègues ont découvert que, depuis les années 1950, le gouvernement chinois offre le chauffage en hiver aux personnes vivant au nord de la rivière Huai par le biais de chaudières à charbon (hautement polluantes).

En 2013, l’équipe de chercheurs, au terme d’une étude, a constaté que l’augmentation de 100 microgrammes par mètre cube de « particules en suspension » dans l’air était associée à une baisse de l’espérance de vie de trois ans. En se basant sur les données qu’ils avaient récoltées en Chine, ils ont pu estimer que 500 millions de personnes, qui vivent dans le nord de la Chine, verraient leur durée de vie réduite d’environ 5,5 ans en moyenne. Les chercheurs ont appliqué la même méthode concernant l’Inde.

La concentration de particules en suspension en Inde. (Greenstone et al, 2015)
La concentration de particules en suspension en Inde. (Greenstone et al, 2015)

Ces résultats ne sont cependant qu’une moyenne, l’exposition réelle peut énormément varier d’une région et d’une personne à l’autre. Les policiers qui travaillent au milieu du trafic sont par exemple beaucoup plus exposés que les familles riches qui disposent d’un purificateur d’air. La question reste de savoir si l’Inde peut améliorer la qualité de son air. Si la Chine a commencé à réduire ses émissions de CO2 en limitant la combustion de charbon dans ses villes et en réduisant l’utilisation des véhicules, l’Inde n’a fait que très peu d’efforts dans ce sens.

En particulier parce que l’Inde est un pays très pauvre, beaucoup plus pauvre que la Chine qui, par exemple, alimente la quasi-totalité de ses foyers en électricité quand l’Inde compte 400 000 millions de personnes sans courant. La pollution de l’air serait donc pour les autorités indiennes, en terme d’importance, un problème qui n’arriverait qu’après les problèmes de croissance, de société, d’infrastructures etc. Malgré tout, le premier ministre Narendra Modi a déclaré en novembre qu’il mettrait à disposition du public des analyses de la qualité de l’air et, en février, des responsables indiens ont demandé à Barack Obama de l’aide pour réduire la pollution des camions. Un début encourageant.

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