Abou Assi a 29 ans et suit des études d’ingénierie à l’université islamique de Gaza. Depuis plusieurs mois, il a décidé de prendre à bras le corps la question épineuse de l’eau potable à laquelle sont confrontés les habitants de la plus grande ville du territoire palestinien.

Plus de 180 millions de mètres cubes d’eau sont utilisées chaque année à Gaza. Selon les Nations Unies, d’ici cinq ans, ce nombre sera passé à 260 millions. Pire, la nappe phréatique, principale source d’eau potable du pays, pourrait devenir inexploitable dès l’an prochain.
Sur le site d’information The Observers, Majdi Fathi, habitant de Gaza, décrit la peur quotidienne du manque d’eau. “L’eau du robinet est trop salée pour être bue, alors on ne l’utilise que pour se laver. Pour boire, nous devons acheter des bouteilles. Dans ma famille nous sommes dix. Il nous faut environ 500 litres d’eau pour vivre 25 jours. Les autorités donnent de l’eau aux plus pauvres mais ce n’est pas suffisant”, raconte-t-il.
Et l’eau décrite comme potable serait déjà polluée, comparée aux normes établies par l’OMS. La teneur en nitrates atteint parfois 220 mg/litre, quand l’organisme international recommande de ne pas dépasser les 50 mg. Autre problème qui accentue le phénomène de pénurie : les sept usines de dessalement existant à Gaza requièrent trop d’énergie.
Pour tenter d’enrayer la crise annoncée, Abou Assi, un étudiant en ingénierie à l’université islamique de Gaza, s’est donc tourné vers la mer : pourquoi ne pas rendre l’eau de la mer potable à l’aide de la nanotechnologie ? 14 mois durant, il a conduit 170 expériences avec son équipe pour mettre au point une machine permettant de filtrer l’eau de la mer. Son principe : l’eau, pompée à l’aide de tuyaux en fer, passe dans des boitiers électroniques qui la projettent sur des membranes en nanomatériaux. Ces membranes bloquent les particules de sodium tout en laissant le reste traverser. Une fois filtrés, les minéraux utiles sont à nouveau intégrés dans l’eau. Elle correspond alors aux normes de qualité de l’Organisation Mondiale de la Santé. Et, pour un mètre cube d’eau traitée par jour, c’est 60% d’énergie en moins d’utilisée !
Même s’il a été financé en partie par le Middle East Desalination Research Center, un centre de recherche situé en Oman, et par son université à Gaza, Abou Assi a besoin d’argent pour développer sa technologie. “Je me suis endetté de 7 000 euros pour pouvoir finir mes recherches”, explique-t-il. L’ingénieur palestinien aimerait miniaturiser sa machine afin de l’installer directement dans les habitations. Une opération qui nécessite au minimum 20 000 dollars supplémentaires. “Si nous voulons réellement résoudre la crise de l’eau potable, il faudra construire une usine de dessalement utilisant cette technologie, prévient-il cependant. Cela coûterait près de 300 000 millions de dollars, sans compter que cette usine pourrait être victime de bombardements”.
Abou Assi a sollicité l’aide du gouvernement pour mener à bien son projet, rapporte The Observers. Sa demande est pour le moment restée sans réponse.
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