Selon les informations de l’ONG américaine The Global Initiative Against Transnational Organized Crime, certains cartels sud-américains tireraient actuellement l’essentiel de leurs revenus du commerce illégal d’or.

(Photo Flickr/ Joseph King)
Le commerce de drogues ne payerait-il plus aussi bien qu’il y a quelques années ? À en croire un récent rapport de l’ONG américaine The Global Initiative Against Transnational Organized Crime, « dans certains pays d’Amérique Latine, le commerce de l’or illégalement extrait est maintenant plus important pour le crime organisé que le trafic de drogues ».
Et pour cause, comme l’explique un récent article de Public Radio International (PRI), le cours de l’or, qui a récemment retrouvé son statut de valeur refuge face aux nombreux soubresauts de la Bourse, a grimpé en flèche depuis le début de la décennie. Ne serait-ce que cette année, il a progressé de près de 16% depuis le 1er janvier, pour se stabiliser aux alentours de 1 100 euros l’once.
De son côté, le commerce de stupéfiant, même s’il semble avoir encore de beaux jours devant lui, demande aux trafiquants d’élaborer des stratagèmes toujours plus élaborés pour acheminer leur marchandise jusque chez les riches consommateurs d’Amérique du Nord ou d’Europe. À l’instar de la France, nombreux sont les pays qui ont récemment décidé d’intensifier la lutte contre le trafic de drogues, aussi bien sur le territoire national qu’en coopérant avec les autorités des pays de production, compliquant ainsi sensiblement la vie des trafiquants.
Rien d’étonnant alors à ce que les cartels n’aient décidé de miser sur une stratégie de diversification. C’est par exemple le cas au Pérou et en Colombie, deux pays qui font pourtant partie des premiers producteurs mondiaux de cocaïne, comme l’explique le rapport de l’ONG américaine The Global Initiative Against Transnational Organized Crime.
Là-bas, le crime organisé a décidé de se tourner vers l’exploitation minière illégale pour blanchir de l’argent à grande échelle et ainsi augmenter considérablement ses revenus. Selon l’ONG, près de 80% de l’or miné de nos jours en Colombie proviendraient des filières mafieuses. Une part qui atteint 90% au Venezuela.
Bien évidemment, ces activités ont des conséquences terribles sur la vie des populations locales, comme le souligne The Global Post. Ainsi, ce sont parfois des villages entiers qui sont déplacés. Pire encore, plusieurs milliers de personnes se retrouvent entrainées dans l’engrenage du travail forcé dans les mines ou de la prostitution, a par exemple raconté Livia Wagner, auteur du rapport, à PRI :
Quand vous arrivez dans ces mines illégales, vous réalisez très vite qu’il y règne de véritables maltraitances
Selon les informations de l’ONG, de nombreuses femmes sont par exemple gardées prisonnières dans des maisons closes péruviennes situées à proximité des mines, ainsi que des jeunes filles parfois âgées de douze ans à peine.
De plus, dans certains pays, les cartels travailleraient main dans la main avec les trafiquants d’être humains, voire certains groupes armés. Ainsi, The Global Initiative Against Transnational Organized Crime explique qu’en Colombie ce sont parfois les FARC qui contrôlent les mines — à noter qu’il y a seulement quelques jours encore, la guérilla colombienne démentait être assise sur un magot de près de dix milliards et demi de dollars.
Le rapport de The Global Initiative Against Transnational Organized Crime souligne également l’impact environnemental des activités minières illégales dans la région. Selon l’organisation, des substances particulièrement toxiques, comme du mercure, seraient utilisées à grande échelle pour séparer l’or des sédiments. Un neurotoxique puissant qui termine ensuite sa course dans les sols, l’air et les nappes phréatiques de la région. Enfin, les activités minières illégales contribuent également à la déforestation de régions particulièrement sensibles de l’Amazonie.
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