Téhéran déploie une brigade des mœurs composée de 7000 agents en civil

 Près de 7000 policiers en civil ont été déployés lundi dans les rues de Téhéran. Leur mission : signaler à la police régulière les « comportements contraires à la moralité », parmi lesquels le harcèlement des femmes mais aussi le non-port du foulard islamique pour les jeunes Iraniennes ou encore l’écoute au volant de musique à un volume sonore trop élevé.

(Photo Flickr/ Kamyar Adl)
(Photo Flickr/ Kamyar Adl)

Les forces armées iraniennes, directement supervisées par l’ayatollah Ali Khamenei, l’actuel « guide suprême de la Révolution islamique », ont décidé de déployer ce lundi 18 avril près de 7000 policiers en civil dans les rues de Téhéran. Ces informateurs sont ainsi venus grossir les rangs de « Gasht e Ershad » (NDLR, la police des mœurs), une branche de la police iranienne spécifiquement chargée de s’assurer que les citoyens du pays respectent bien la loi islamique, rapporte un article de Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL).

Leur mission ne sera pas d’interpeller ni de verbaliser directement, ce qui pourrait compromettre leur anonymat, mais simplement d’avertir par SMS la police d’actes irréguliers en lui communiquant les informations nécessaires (comme un numéro de plaque d’immatriculation) pour retrouver les suspects. Comme l’a expliqué Hossein Sajedinia, le chef de la police de Téhéran, ces policiers en civil se concentreront tout particulièrement sur « le non-respect du port du voile », et ce notamment dans les voitures. Ils seront également chargés de signaler d’autres infractions contraires à la moralité, par exemple les nuisances sonores ou la conduite dangereuse.

Les indics, qui peuvent aussi bien être des hommes que des femmes (voir les photos intégrées dans le tweet ci-dessous), représentent ainsi la dernière initiative du régime pour essayer d’obliger les Iraniens à respecter les restrictions voulues par certains des auteurs de la Révolution islamique de 1979.

Comme le rappelle Terrafemina, même si elles se sont récemment quelque peu relâchées avec l’arrivée au pouvoir d’Hassan Rohani, les règles vestimentaires en vigueur en Iran demeurent de nos jours particulièrement strictes pour les femmes. Il y a encore deux ans, être « mal voilée » pouvait engendrer une amende de la part de la police de la moralité.

Cependant, la tâche de définir les missions de la police incombe normalement au ministère de l’Intérieur iranien, et non plus directement à la police. La décision du déploiement de ces policiers en civil a donc visiblement été prise sans l’aval du gouvernement, ce que semble confirmer un récent article du quotidien francophone libanais L’Orient le jour où l’on apprend que le président iranien, Hassan Rohani, a récemment critiqué la décision et « assuré qu’il tiendrait sa promesse de protéger la liberté des personnes ».

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