Norvège : L’Église célèbre le mariage gay

Les autorités cléricales protestantes de Norvège ont décidé, après s’être réunies, d’autoriser les couples homosexuels à se marier religieusement.

(Photo Flickr/Ted Eytan)
(Photo Flickr/Ted Eytan)

Légalisé à partir de 2003 en Belgique et au Canada, les mariages civils homosexuels ont aujourd’hui cours dans 23 pays dont 14 situés en Europe. L’autorisation de l’union religieuse est en revanche beaucoup plus rare. Jusqu’à présent, elle n’existait que chez les communautés protestantes de Suède et du Danemark, ainsi que dans quelques pays anglophones.

La Norvège a depuis peu rejoint ces pays avant-gardistes à la suite d’un synode – assemblée délibérative d’ecclésiastiques – qui s’est tenu à Trondheim, dans l’ouest du territoire, lors duquel ses participants ont massivement voté l’autorisation des mariages religieux de même sexe. Le Oui l’a donc emporté à 88 voix contre 27, autorisant dans la foulée la création d’une nouvelle liturgie qui sera développée en parallèle de l’actuelle.

Dans ce pays qui autorise le mariage homosexuel depuis 2009, l’issue du résultat était attendue tant par les homosexuels que la communauté religieuse. Au cours du weekend précédent le vote, 15 membres du comité ont déclaré être confiants quant à l’issue du scrutin. La décision, quoiqu’attendue, n’en restait toutefois pas moins historique et a été applaudie, rapporte The Local.

Peu après la tenue du synode, Gard Realf Sandaker-Nilsen, le leader du mouvement libéral Åpen Folkekirke [Église Ouverte], qui est lui-même homosexuel, a déclaré à l’AFP : « C’est un message qui rappelle à la société norvégienne que les homosexuels ne doivent pas être traités différemment, mais également un signal au reste du monde, en premier lieu aux autres Églises, que l’amour entre deux personnes du même sexe doit pouvoir être reconnu dans une arène religieuse ». Le comité a cependant jugé nécessaire de laisser aux pasteurs la possibilité de refuser de célébrer une union gay.

Religion d’État, le protestantisme était agité depuis de longues années par cette question. À partir de janvier 2017, date de l’entrée en vigueur de cette décision, et de la tenue d’un nouveau synode, elle sera donc derrière elle. Toutefois, les propos de Rolf Magne Haukalid, l’un des opposants à la nouvelle liturgie, laissent penser que les tensions ne vont pas s’apaiser si facilement au sein de la communauté religieuse : « Pour ma part, et les milliers de personnes que je représente ici, le chagrin, la déception et l’incertitude sont très forts. De la déception et de la tristesse, car aujourd’hui nous introduisons une doctrine qualifiée d’hérésie en 1997 par le diocèse unifié. Cela va à l’encontre des paroles de la Bible et de Jésus sur le mariage », a-t-il déclaré à NRK.

L’Église protestante est à ce jour la seule à autoriser les mariages de même sexe. Dans certains pays comme la Norvège, l’ordination de prêtre gay est même autorisée. De manière générale, la Bible parle très peu de l’homosexualité, cependant lorsqu’elle est évoquée c’est de manière négative, le sujet reste donc encore très tabou au sein de la communauté chrétienne.

Si l’Église Protestante Unie de France (EPUdF) n’autorise pas encore les mariages homosexuels, elle accorde sa bénédiction aux couples gay qui la désirent depuis la tenue d’un synode en 2015. À l’époque, le pasteur Laurent Schlumberger, président de l’EPUdF, déclarait à France Info : « Est-ce que la Bible est un code de la route qu’il faut prendre au pied de la lettre ? Si c’est le cas, il faut rétablir l’esclavage ou la polygamie. Peut-on considérer les données sur l’homosexualité contenues dans la Bible comme immuables ou faut-il au contraire les lire dans leur contexte historique ? Tout le monde interprète la Bible, même ceux qui affirment ne pas le faire ».

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