Indonésie : De faux vaccins administrés à des enfants pendant 13 ans

 Depuis le démantèlement d’une organisation criminelle suspectée de livrer de faux vaccins, constitués d’une solution saline, aux hôpitaux indonésiens, le gouvernement appelle les familles à refaire vacciner gratuitement leurs enfants.

(Photo d'illustration Flickr/United Nations Development Programme)
(Photo d’illustration Flickr/United Nations Development Programme)

Treize années auront été nécessaires au gouvernement indonésien pour mettre au jour un scandale de faux vaccins distribués à travers l’archipel de 250 millions d’habitants. Fin juin, une vingtaine de personnes, dont trois médecins, ont été arrêtées par la police. Elle les suspecte d’avoir distribué ces fausses injections dans quatorze hôpitaux et huit cliniques du pays.

Censés immuniser les enfants contre la diphtérie, les hépatites A et C, ou encore le tétanos, les vaccins contenaient en réalité une solution physiologique et, dans certains cas, des antibiotiques. Rassurantes, les autorités sanitaires assurent cependant que ces fausses injections ne représentent pas un risque pour la santé des enfants, rapporte le Sydney Morning Herald (SMH).

Une déclaration qui passe mal auprès d’une population indonésienne aux abois et en colère contre son gouvernement, comme le laisse entendre ce témoignage recueilli par le quotidien australien : « Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, leurs enfants ou petits enfants n’ont pas reçu le faux vaccin », a déclaré Wulansari, la mère d’une petite fille victime des exactions de l’organisation criminelle.

La grogne publique s’intensifie après de récentes révélations qui accusent l’agence chargée du contrôle de la nourriture et des médicaments, la BPOM, d’avoir eu connaissance de l’existence des vaccins contrefaits, et de ne pas avoir agi. « Glaxo [Une compagnie pharmaceutique britannique] avait rapporté à la police et à la BPOM l’existence des faux vaccins dès 2011, mais aucune action n’avait été entreprise », révèle ainsi le Dr Mohammad Adib Khumaidi, secrétaire général de l’Association Médicale indonésienne, au journal. Selon le SMH, les criminels auraient dérobé d’anciennes ampoules de vaccins dans des hôpitaux avant de coller dessus de fausses étiquettes, les faisant ainsi passer pour des médicaments importés.

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix s’élèvent dans le pays pour demander l’exécution des vingt personnes arrêtées. ABC rapporte d’ailleurs que la semaine dernière Joko Widodo, le président indonésien, a dû appeler ses concitoyens à garder leur calme en attendant les résultats de l’enquête : « Le public doit se calmer, parce qu’il ne s’agit pas d’un problème ayant eu lieu au cours des deux dernières années, mais bien depuis treize ans ». Quelques jours auparavant, il avait affirmé que l’enquête nécessaire pour faire la lumière sur cette affaire, que le magazine Tempo n’a pas hésité à qualifier de « crime contre l’humanité », allait prendre du temps.

Quoi qu’il en soit, un peu moins d’un mois après l’éclatement du scandale, le ministère de la Santé ne semble toujours pas savoir à combien d’enfants les vaccins ont pu être administrés.

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