« Kollywood », la nouvelle et puissante industrie cinématographique du Tamil Nadu, un État du sud de l’Inde, est actuellement sous le feu des critiques. Les réalisateurs sont accusés par des défenseurs des droits des femmes de dépeindre dans leurs films le harcèlement comme une technique de drague acceptable.

Les défenseurs des droits des femmes du pays ont décidé d’interpeler les grands noms de « Kollywood » (NDLR, contraction de Kodambakkam et d’Hollywood, le terme désigne la florissante industrie du cinéma tamoul d’Inde basée à Chennai), nous apprend un récent article du Guardian. En effet, les scénarios de certains de leurs films à succès participeraient à perpétuer une représentation du harcèlement comme une technique de drague acceptable.
« Ne jamais renoncer à l’amour véritable ». Voici le slogan publicitaire du succès commercial Raanjhanaa, un film indien sorti en salles au début de l’été 2013 mettant en vedette la superstar indienne Dhanush. Son scénario, qui n’a rien de bien révolutionnaire pour une production kollywoodienne, constitue déjà en lui-même un bon exemple.
En résumé, un jeune homme y rencontre une jeune fille, tombe amoureux, voit ses avances repoussées à de multiples reprises, mais décide tout même de persévérer, ne s’épargnant aucun effort pour conquérir le cœur de celle qu’il considère comme sa promise. Cependant, à en croire certaines critiques du film, porter de telles histoires à l’écran ne serait pas simplement un cliché. Pour certains, multiplier les scénarios comme celui de Raanjhanaa serait carrément dangereux.
En effet, les défenseurs des droits des femmes considèrent qu’en dépeignant de manière romancée des comportements pouvant parfois s’apparenter à du harcèlement pur et simple, ces films se livrent, consciemment ou non, à une véritable « glorification du harcèlement » au sein d’une société déjà très patriarcale, comme le déclare Iswarya V, une chercheuse spécialisée sur la représentation du drame au sein des arts, dans les pages du Guardian. Elle est à l’initiative d’une pétition, Stop Glorification of Stalking in Tamil Films!, visant à faire réagir « Kollywood ».
Et pour cause, à Chennai, la capitale de l’État du Tamil Nadu, le harcèlement n’a rien de bénin. Il continue régulièrement d’avoir des conséquences macabres. Au cours des derniers mois, huit assassinats perpétrés dans la région ont été motivés par un rejet du prétendant.
Selon Iswarya, il s’agit d’un « phénomène culturel » contre lequel il convient de lutter. « Dans plusieurs zones du Tamil Nadu l’éducation sexuelle est inexistante, et les interactions entre hommes et femmes demeurent extrêmement restreintes », raison pour laquelle « les garçons n’ont pas d’autre alternative que de se tourner vers les médias populaires pour essayer de comprendre comment ils doivent se comporter avec les femmes », explique-t-elle ainsi sur la page de sa pétition.
Pitié, pas “romanisée” , mais romancée !
Effectivement c’est une sacrée coquille (corrigée) !