Russie : Une région bannit l’avortement le temps d’une journée pour commémorer un épisode biblique

 Le mercredi 11 janvier, il n’était pas possible de se faire avorter dans les hôpitaux publics de l’oblast de Iaroslavl, près de Moscou. La raison : une décision, prise d’un commun accord avec le clergé local, de commémorer le temps d’une journée un épisode biblique.

Le massacre des Innocents, de François-Joseph Navez. (Photo Flickr/ jerry dohnal)
Le massacre des Innocents, de François-Joseph Navez.
(Photo Flickr/ jerry dohnal)

D’après l’Évangile selon Matthieu, le roi Hérode aurait ordonné le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem, peu après la naissance de Jésus, pour balayer la concurrence d’un autre roi des juifs. La commémoration de cet épisode biblique du « massacre des Innocents » a visiblement poussé les hôpitaux publics de l’oblast de Iaroslavl, région située non loin de Moscou, à ne pas pratiquer l’avortement mercredi 11 janvier, ainsi que l’explique la BBC.

Prise d’un commun accord avec le clergé local, la décision aurait également reçu l’aval du département de la santé de la région, selon les informations du site Internet Mediazona — un site d’information indépendant lancé en 2014 par deux membres du collectif punk et féministe Pussy Riot.

Le diocèse de l’église orthodoxe russe de Iaroslavl a donc ainsi sans difficulté ordonné un « jour de silence sans avortement », qu’importe que l’avortement soit légal en Russie et que le coût de la procédure soit intégralement remboursé par l’État.

« L’évènement est dédié à la mémoire des enfants de Bethléem massacrés par le roi Hérode, qui voulait tuer le Christ alors nourrisson », peut-on ainsi lire dans un communiqué publié sur le site Internet du diocèse. Le texte poursuit en expliquant qu’en ce jour « l’intégralité des établissements de santé publique de l’oblast de Iaroslavl a l’interdiction de pratiquer des avortements afin de lutter contre le meurtre de nouveau-nés encore dans l’utérus » et de « protéger une maternité inestimable ».

La nouvelle a suscité un certain émoi sur les réseaux sociaux russes. De nombreux utilisateurs se sont dit estomaqués par l’influence du clergé. « Pourquoi l’Église intervient-elle dans les affaires de la société laïque ? », demande ainsi un utilisateur de Twitter.

Cette décision surréaliste montre une nouvelle fois que l’Église orthodoxe russe n’est pas près d’abandonner son combat contre l’avortement. Pour rappel, le 27 septembre dernier, le patriarche orthodoxe russe, Archimandrite Kirill, signait une pétition exigeant « des amendements législatifs » afin de mettre fin au « meurtre légal des enfants avant leur naissance ».

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