L’île désignée par les Maldives pour servir de poubelle à l’archipel pose de plus en plus de problèmes

Les Maldives accueillent chaque année plus d’un million de touristes – dont la majorité d’Europe – attirés par le décor paradisiaque qu’offrent les plages immaculées et l’eau turquoise de l’archipel. Mais ce tourisme intensif a un effet peu connu des vacanciers : une pollution colossale et incontrôlable. En effet, la topologie des Maldives – un ensemble de 1200 îles dont 202 sont habitées – rend l’extraction des déchets produits par les centaines d’hôtels et les 395 000 Maldiviens un véritable casse-tête.

Comme solution, le gouvernement a décidé de désigner en 1991 une île de l’archipel comme décharge. Thifalushi, à l’origine une lagune de 7 kilomètres de long et de 200 mètres de large, est désormais appelée « Rubbish Island » (l’île poubelle). Elle accueille dans ses gigantesques fosses à déchets environ 200 tonnes d’ordures par jour – dont la majorité viennent de la capitale Malé. Ces fosses sont soit recouvertes de sable blanc soit incinérées à ciel ouvert.

(photo flickr/Hani Amir)
Un ouvrier chargé de trier les déchets sur Thifalushi. (photo flickr/Hani Amir)

Des campagnes d’écologistes ayant alerté les autorités de la forte augmentation de déchets flottants dans la lagune, le gouvernement maldivien a décidé d’interdire temporairement le déchargement d’ordures sur l’île en 2011. Mais un changement soudain de gouvernement en 2012 et un manque de financements pour une solution alternative ont poussé Malé à continuer d’acheminer ses ordures sur Thifalushi.

Autre problème, Thifalushi n’est aujourd’hui plus seulement destinée à jouer son rôle d’île poubelle. Elle accueille des industries de bateaux, des entreprises d’embouteillage de méthane et d’ensachage de ciment et abritera bientôt une prison. Des activités qui obligent des centaines de personnes à côtoyer de près une pollution que les organisation environnementales disent composée de piles usagées, d’amiante, de plomb et d’autres substances capables de s’infiltrer dans l’eau et l’air alentours.

En attendant que la situation se débloque et que le gouvernement maldivien construise le fameux incinérateur dernier cri dont il parle depuis plusieurs années, il est conseillé aux touristes – qui génèrent chacun 7,2 kg d’ordures par jour – de repartir avec leurs piles usagées et autres déchets toxiques dans leurs bagages.

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