Les résultats d’une nouvelle étude, publiés lundi dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), mettent en lumière l’existence de « liens étroits » entre l’occurrence de catastrophes météorologiques, par exemple des épisodes de sécheresse ou des inondations, et le déclenchement de conflits armés au sein de pays multiethniques.

Entre 1980 et 2010, l’éclatement de près d’un quart (23%) des conflits armés au sein des cinquante pays les plus ethniquement fractionnés du monde (à l’instar de l’Afghanistan, de la Somalie ou de la Syrie), a coïncidé avec l’occurrence d’une catastrophe naturelle un peu plus tôt le même mois. C’est ce que nous apprend une étude dont les résultats viennent d’être publiés dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS).
Ainsi, le rôle déclencheur de catastrophes naturelles de type sécheresse, inondation ou tempête ne serait pas à sous-estimer dans ces pays. En comparaison, les chercheurs soulignent d’ailleurs que tous pays confondus, seuls 9% des conflits ont coïncidé avec un phénomène météorologique sur la même période.
Comme le rappelle le Guardian, de précédents travaux avaient déjà présupposés l’existence d’une telle corrélation — en 2014, le Pentagone avait même été jusqu’à déclarer considérer que le réchauffement climatique risquait à terme de multiplier les risques de violences armées. Il s’agit cependant de la première étude qui montre que ces catastrophes tendent le plus souvent à précéder les conflits, suggérant ainsi un lien de cause à effet.
« Les conflits armés sont parmi les plus graves menaces, tuant certaines personnes et forçant d’autres à quitter leur maison et peut-être à fuir dans des pays lointains », a ainsi rappelé le professeur John Schellnhuber, du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) au journal britannique. Et à en croire le chercheur allemand, même si les « catastrophes météorologiques ne déclenchent pas directement les conflits, lorsqu’elles sont combinées à des tensions ethniques, elles peuvent constituer un « mélange explosif ». L’une des principales raisons étant que si, pour des raisons géographiques ou de pauvreté, une catastrophe naturelle vient à affecter un certain groupe plus qu’un autre, les « gens ne tardent pas à chercher un bouc émissaire ».
Selon les auteurs de l’étude, observer systématiquement les occurrences de catastrophes naturelles pourrait permettre de mieux prévoir l’éclatement potentiel de futures conflits, permettant ainsi aux États concernés de prendre des mesures préventives. Parmi les régions du monde ethniquement diverses jugées particulièrement vulnérables au réchauffement climatique, on retrouve l’Afrique Centrale et du Nord ou encore l’Asie centrale.
Selon John Schellnhuber, le lien climat-conflit devrait s’avérer encore plus évident dans le futur : « Dans 50 ans, dans un scénario où nous continuerions à agir comme aujourd’hui, 80 à 90% des catastrophes naturelles seront dues au changement climatique. C’est là que tout va vraiment exploser ». Selon lui, cette étude met tout simplement en avant un autre bénéfice de la lutte nécessaire contre le réchauffement climatique : le maintien de la paix.
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