Le Japon fait la chasse aux écoles de langue peu rigoureuses

L’arrivée massive de jeunes étrangers ne parlant pas le japonais, ces dernières années, a permis l’éclosion d’un “commerce” d’écoles de langue à travers le Japon. Trop peu rigoureuses, selon le gouvernement, elles profitent des étrangers et n’offrent pas un enseignement de qualité, ternissant l’image du pays.

(photo flickr/Oyvind Solstad)
(photo flickr/Oyvind Solstad)

Pour parer au déclin de sa population, le Japon met tout en place depuis plusieurs années pour attirer des étudiants et jeunes travailleurs étrangers sur son territoire. La langue pouvant être une barrière de taille, le gouvernement japonais a longtemps encouragé la création d’écoles de langue, allant jusqu’à en faire la promotion à l’extérieur de ses frontières.

L’engagement du gouvernement a permis l’éclosion de 89 écoles à travers le pays entre 2012 et 2015. De nombreuses personnes ont – à juste titre – vu dans l’enseignement du japonais un business lucratif. L’association des écoles de langue japonaise dénombre actuellement 549 établissements enseignant le japonais pour près de 200 000 étudiants étrangers, selon un dernier rapport du gouvernement daté de mai 2015, rapporte le Japan Times.

En provenance d’Asie principalement, les étudiants viennent pour trouver du travail ou simplement apprendre le japonais. Car si parler la langue nippone est accessible, l’écrire est beaucoup plus compliqué. Selon Ngo Dangkhoa, un étudiant vietnamien : « Le degré de difficulté augmente lorsque l’on passe du dialogue à la lecture. De nombreux caractères ont des significations différentes et peuvent être lus de plusieurs manières », explique-t-il au South China Morning Post (SCMP). Le Japan Times rapporte que les jeunes vietnamiens sont près de 39 000 à avoir rejoint le Japon ces dernières années afin de profiter de l’implantation, en pleine croissance, des entreprises japonaises au Vietnam.

Cependant, depuis plusieurs mois, les autorités japonaises se sont aperçues que de plus en plus d’écoles ne possèdent pas les compétences requises pour offrir un enseignement de qualité à leurs élèves, et sont surtout intéressées par l’argent. « Le nombre [d’écoles de langue] est certes en augmentation, mais la qualité de l’enseignement est souvent mauvaise », a déclaré un industriel au quotidien japonais.

Le ministère de l’Éducation estime que si de telles écoles ont pu voir le jour, c’est en grande partie parce que leur surveillance a été placée entre les mains du ministère de la Justice qui se préoccupe seulement de savoir si les règles d’immigration sont respectées. La qualité de l’enseignement intéresse peu la Justice, explique un membre du ministère de l’Éducation : « Cela va être difficile de faire évoluer la situation, à moins que des problèmes majeurs [au sein d’écoles] ne soient révélés », rapporte le Japan Times.

Comme une première réponse à cette critique, la justice japonaise a arrêté, en mai dernier, le directeur d’une école de langu de Fukuoka qui trouvait des emplois à mi-temps, à très bas salaire, à ses élèves afin qu’ils puissent payer leurs frais de scolarité. Dans le même temps, il leur conseillait d’ouvrir plusieurs comptes en banque afin de ne pas être repérés par les services d’immigration pour travail illégal, selon le SCMP.

En réaction à ces débordements qui ternissent l’image du Japon, explique le Japan Times, le gouvernement a enfin décidé de répondre à la demande du ministère de l’Éducation en imposant une régulation des écoles de langue, basée notamment sur la qualité de l’enseignement. Les autorités pourront également fermer un établissement si moins de 50% de ses étudiants assistent aux cours ou ne respectent pas la politique d’immigration japonaise qui interdit aux étrangers de travailler plus de 28 heures par semaine.

Le gouvernement japonais espère ainsi attirer 300 000 étudiants étrangers d’ici 2020.

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