Inde : La Cour suprême ordonne au gouvernement d’empêcher le Tāj Mahal de jaunir

Inquiète face à la dégradation progressive de la façade du Tāj Mahal, dont la couleur s’éloigne chaque jour davantage de son blanc originel, notamment à cause de la pollution et des excréments d’insectes, la Cour suprême indienne a décidé de réagir. Elle vient d’ordonner au gouvernement, jusqu’alors impuissant face au problème, de le restaurer au plus vite, quitte à devoir faire appel à des experts étrangers.

(Photo Flickr/ Daniel Mennerich)
(Photo Flickr/ Daniel Mennerich)

Le Tāj Mahal, monument emblématique de l’Inde, situé à Agra, au bord de la rivière Yamuna, dans l’État de l’Uttar Pradesh, est décidément bien mal en point. Tout d’abord, il accueillerait entre 10 000 et 15 000 visiteurs, voire jusqu’à 70 000 le week-end. Un exemple criant de tourisme de masse. Vous avez d’ailleurs peut-être lu récemment dans les journaux que ce palais en marbre immaculé, que l’on surnomme le « monument à l’amour », est mis en péril par la surfréquentation (NDLR, si ce sujet vous intéresse nous vous invitons à écouter notre podcast “Il y a des endroits où même un touriste par an c’est trop”).

En effet, ses fondations peineraient à résister à la pression toujours accrue que lui infligent les visiteurs. C’est la raison pour laquelle les autorités indiennes ont décidé début janvier d’instaurer une limite de 40 000 visiteurs par jour. Son efficacité peut cependant légitimement être mise en doute dans la mesure où elle ne concerne pas les touristes étrangers ni les Indiens qui accepteraient de payer le prix de 1000 roupies pour y entrer.

Cependant, il n’y a pas que les fondations de la perle d’Agra qui se détériorent ces dernières années. Comme nous l’apprend un récent article de The Independent, sa façade, historiquement connue pour son blanc immaculé, serait en train de jaunir, voire verdir, en raison de la pollution, de la négligence et des excréments d’insectes qui lui sont infligés. Inquiète de cette situation, qui empirerait de semaine en semaine, la Cour suprême indienne vient d’ordonner au gouvernement du pays de trouver au plus vite une solution pour rendre son panache à ce monument inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983, et considéré comme l’une des sept nouvelles merveilles du monde dans un classement de 2007.

Ainsi, ce mardi, deux juges indiens, Madan Lokur et Deepak Gupta, ont déclaré lors d’une audience publique, pendant laquelle ils se sont vus présentés des photographies du monument datant du 17e siècle, qu’« avant, [le Tāj Mahal] jaunissait et que maintenant il devient marronâtre et verdâtre ». Ils ont ensuite ajouté considérer qu’il s’agissait d’un problème extrêmement sérieux, avant d’ajouter à l’adresse du gouvernement indien : « Il semble que vous soyez impuissants. Il faut le sauver. Vous pouvez recevoir de l’aide d’experts étrangers pour évaluer l’étendue des dommages et le restaurer ».

Au cours des dernières années, les autorités indiennes ont déjà ordonné la fermeture de plusieurs centaines d’usines des environs, car leurs émissions industrielles favorisaient la détérioration de la couleur du palais. Ces mesures se sont malheureusement révélées insuffisantes. En effet, la pollution atmosphérique n’est pas la seule responsable. La Yamuna, rivière majeure de l’Inde qui détient le triste titre de rivière la plus polluée du pays, coule à proximité du monument. Problème : ses eaux fétides attirent des cohortes d’insectes dont les excréments jonchent les murs du mausolée. Résultat, les moussons annuelles d’Agra, qui pendant des siècles ont suffi à redonner au monument son blanc éclatant, se révèlent de nos jours insuffisantes pour le nettoyer.

Depuis quatre ans, des couches de boues sont régulièrement appliquées sur la façade du Tāj Mahal dans le cadre de travaux de rénovation. Cependant, au-delà d’enlaidir de manière certaine le mausolée, la technique est vertement critiquée, car elle abîmerait le marbre. Même problème du côté des nombreux échafaudages installés autour du monument. Les rénovations actuelles ne devaient pas être terminées avant 2019 au plus tôt. Il est maintenant probable que cette nouvelle décision de la Cour suprême ne les fasse durer encore plus longtemps que prévu.

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