L’Estonie importe des déchets verts pour fabriquer de l’énergie

 Depuis 2015, l’Estonie peine à alimenter correctement en biomasse son usine d’incinération avec récupération d’énergie. Résultat : le petit pays balte se retrouve importateur de déchets étrangers.

La centrale d'Iru, dans le nord du pays. (Photo Flickr/ Johan Viirok)
La centrale électrique d’Iru, dans le nord du pays.
(Photo Flickr/ Johan Viirok)

Depuis la chute de l’Union soviétique, c’est principalement aux schistes bitumineux que l’Estonie, petit pays balte de seulement 1,3 million d’habitants, doit son indépendance énergétique. Carburant principal à sa production d’électricité, cette roche d’origine sédimentaire, dont le pays est l’un des premiers producteurs mondiaux, assurait encore près de 90% de ses besoins en énergie en 2014. Néanmoins, depuis quelques années, le pays fait de plus en plus usage de la « biomasse » (NDLR, fraction biodégradable des déchets agricoles, industriels et ménagers) comme source d’énergie alternative.

À en croire les chiffres de l’Agence estonienne pour l’environnement, sur les 395 516 tonnes de déchets récoltés en Estonie l’année dernière, près de 245 000 tonnes ont ainsi incinéré pour produire de l’énergie — les 160 000 tonnes restantes ayant été recyclées. Malgré cela, le pays ne produit pas assez de déchets pour alimenter correctement son usine d’incinération avec récupération d’énergie située à Iru, dans le nord du pays, ainsi que nous l’apprend le quotidien Eesti Paevaleht.

Par conséquent, Eesti Energia, l’exploitant de la centrale, a fait acheminer l’année dernière près de 56 000 tonnes de déchets en provenance de l’étranger pour combler les trous, comme l’explique Eesti Rahvusringhääling, la radio publique estonienne. Si la plupart de ces déchets provenaient de la Finlande voisine, d’autres sont parfois venus de territoires parfois aussi éloignés que l’Angleterre ou l’Irlande. Un scénario idéal selon Raine Pajo, un membre du conseil d’administration de l’entreprise interrogé par la radio. En effet, l’homme d’affaires considère qu’avec ces déchets d’importation, le pays réalise une excellente affaire : « Soyons honnête, ça paye mieux de s’occuper des déchets des pays étrangers ».

Cependant, comme le rappelle Katrin Kaare de l’Agence estonienne pour l’environnement, l’importation de déchets fait l’objet d’une régulation très stricte dans le pays. Avant de pouvoir se lancer dans cette activité, il convient d’obtenir préalablement une licence d’importation. De plus, le gouvernement se montre très clair : le traitement des ordures produites localement devra toujours avoir la priorité.

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