Ouzbékistan : Les artistes devront obtenir l’aval des autorités pour poster des clips sur YouTube

À compter du 1er juillet 2017, obtenir l’aval du régulateur national des artistes et interprètes devient un préalable incontournable pour pouvoir poster un clip vidéo sur YouTube en Ouzbékistan.

(Capture d'écran Youtube/ RizaNovaUZ)
(Capture d’écran Youtube/ RizaNovaUZ)

L’ère des clips vidéo ouzbeks librement publiés sur YouTube prend fin aujourd’hui. Comme nous l’apprend un article d’Eurasianet, le régulateur national des artistes et interprètes d’Ouzbékistan a en effet décrété qu’à partir du 1er juillet, les chanteurs et interprètes du pays devront préalablement obtenir son aval s’ils veulent espérer pouvoir poster légalement leurs vidéos musicales sur la plateforme d’hébergement de vidéos. Ceux qui ne se plieraient pas à la règle risqueront tout bonnement de se voir retirer leur licence pour produire de la musique.

Comme l’explique Eurasianet, des rumeurs quant à cette interdiction circulaient depuis plusieurs jours sur les médias sociaux. Elles ont finalement été confirmées la semaine dernière par Radio Ozodlik, la branche ouzbèke de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). « Cette mesure voit le jour dans le but d’empêcher la prolifération de vidéoclips qui ne correspondent pas aux traditions nationales et à la mentalité du peuple ouzbek », a déclaré un porte-parole d’Uzbekkonsert, le régulateur national, au média.

La décision intervient peu de temps après qu’une vidéo musicale intitulée “Sakramento” (ci-dessous), interprétée par la chanteuse ouzbèke Munisa Rizayeva, a généré un débat houleux dans les médias du pays. Le 20 juin dernier, Fakhritdin Ismatov, un célèbre chroniqueur culturel, avait déclaré sur le plateau d’un talk-show très regardé qu’il considérait que ce tube ouzbek incarnait une « imitation servile de la culture hispanique » et qu’il jugeait inappropriée l’hispanisation d’un grand nombre de mots ouzbeks… Des critiques qui n’ont visiblement pas suffi à empêcher le clip d’être visionné plus de 3,7 millions de fois.

 

Dildora Nishanova, une journaliste économique ouzbèke, a néanmoins expliqué à Eurasianet qu’à la suite de cette polémique, il existe de fortes chances que le clip ne soit bientôt plus diffusé sur les chaînes de télévision locale. L’exemple d’une forme de censure qui ne dit pas son nom. Cette dernière prive régulièrement les artistes ouzbeks d’une manne financière qui leur est indispensable pour espérer réussir à vivre de leur art, ajoute la journaliste : « Faire des vidéoclips est une activité coûteuse. Le coût d’une vidéo va de 5000 à 10 000 dollars américains. Retirer les vidéos pourrait ruiner les artistes. Comment pouvez-vous interdire une vidéo d’un seul coup de crayon ? »

Le 15 juin, Uzbekkonsert avait déjà interdit la diffusion sur les chaînes de télévision My5 et Milliy TV, toutes deux spécialisées dans la diffusion de vidéoclips, du titre “Bombay-Mumbai” du chanteur Otabek Mutalhadzhaev. La raison invoquée ? Le régulateur a jugé qu’il s’agissait d’un « contenu absurde » dans la mesure où l’artiste se serait montré incapable de faire la différence entre Bombay et Mumbai – qui est, soit dit en passant, une seule et même ville.

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