Norvège : Polémique autour de la place de la femme dans l’armée

La semaine dernière, Harald Høiback, lieutenant-colonel dans l’armée norvégienne, confiait à la presse norvégienne qu’il considère qu’en situation de combat, la présence de femmes, selon lui globalement moins endurantes et moins habiles au tir que les hommes, peut s’avérer un inconvénient stratégique. Faux, lui a répliqué une chercheure norvégienne, preuves scientifiques à l’appui.

(Photo Flickr/ Metziker)
(Photo Flickr/ Metziker)

Faut-il continuer à recruter plus de femmes dans les rangs de l’armée ? C’est une question que se posent dernièrement les médias en Norvège. Une polémique partie des déclarations de Harald Høiback, lieutenant-colonel dans l’armée norvégienne, rapportées par la chaîne norvégienne Norsk rikskringkasting (NRK). En effet, à en croire le militaire, les femmes seraient dans l’ensemble moins endurantes que les hommes et moins habiles au tir : « Les combats armés et les actions militaires sont une activité très exigeante en termes d’énergie et d’endurance. Cela peut impliquer des tirs de ripostes pendant quelques heures en restant à couvert. Il est projeté que la capacité de combat d’une unité va décliner même lorsque des femmes bien entraînées sont recrutées aux dépens d’hommes bien entraînés ».

Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour assister à une riposte féministe dans ce pays qui se veut à l’avant-garde en matière d’égalité des sexes. Ainsi, Nina Rones, une chercheure à l’Institut norvégien de recherche sur la défense, avance, étude scientifique à l’appui, que l’augmentation du nombre de femmes dans l’armée norvégienne n’a pas affaiblie cette dernière, bien au contraire.

Elle aussi interrogée par NRK, elle commence par rappeler que « le physique ne fait pas tout » et que « par exemple, aussi bien l’organisation que la communication se révèlent importantes lors d’un combat ». Elle poursuit en ajoutant que « les hommes ne sont pas non plus avantagés sur les femmes dans tous les domaines sur le plan physique. Quand nous parlons d’ultra-endurance, il existe beaucoup de recherches qui montrent que les femmes deviennent meilleures que les hommes ».

Des propos confirmés par une étude publiée en août dernier dans la revue scientifique Applied Physiology, Nutrition and Metabolism. Son auteur, le chercheur canadien Brian Dalton, avait alors expliqué au quotidien britannique The Independent qu’en matière d’ultra-endurance les femmes tendaient à se révéler plus performantes que les hommes. D’ailleurs, selon lui, si une discipline d’ultra-ultra-marathon venait à voir le jour, les femmes auraient toutes les chances de la dominer.

Dans ces déclarations à NRK, Nina Rones précise également qu’il n’existe pas de preuves scientifiques que les femmes sont moins habiles que les hommes en matière de tir. Elle insiste sur le fait que le débat sur les différences physiques entre hommes et femmes se retrouve souvent biaisé par les émotions qu’il tend à générer. « Une situation de combat demande tellement plus que de pures capacités physiques », ajoute-t-elle, avant de conclure : « Il s’agit de comprendre les situations, d’être capable de s’orienter, d’être capable de faire partie d’une équipe et de manipuler une arme. Cela rend les femmes tout aussi compétentes que les hommes ».

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