Pakistan : Le Premier ministre s’engage à “punir très sévèrement” les crimes d’honneur

 Le Premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif souhaite qu’à l’avenir les auteurs de crimes d’honneur dans le pays soient « punis très sévèrement ». Une décision courageuse qui risque de lui mettre à dos une partie de son électorat.

(Photo Flickr/ UN Women)
 Le Premier ministre pakistanais, Mian Muhammad Nawaz Sharif, s’exprime devant le Conseil sur l’égalité entre les hommes et les femmes et l’émancipation des femmes dans la coopération au développement en 2015.
(Photo Flickr/ UN Women)

Nawaz Sharif, Premier ministre pakistanais, vient de s’engager à faire modifier « le plus rapidement possible » les lois autorisant des familles à assassiner impunément leurs filles dans le cadre de crimes d’honneur, rapporte un récent article du Daily Pakistan. Des propos qui remettent directement en cause la loi islamique (dont la législation du pays demeure fortement inspirée), selon laquelle les familles ont la possibilité d’accorder leur pardon aux auteurs de crimes d’honneur, rapporte le Guardian.

Cela va totalement à l’encontre de l’Islam et quiconque commet de tels actes doit être puni et puni très sévèrement. Ce changement dans la loi est quelque chose qui doit être fait au plus vite.

Ces propos, Nawaz Sharif les a prononcés devant plusieurs diplomates et membres du gouvernement à la suite de la projection en avant-première du court-métrage documentaire nommé aux Oscars « Une fille dans la rivière, le prix du pardon », qui raconte l’histoire de Saba Qaiser, une jeune fille d’à peine 18 ans survivante miraculée d’un crime d’honneur.

Ce documentaire est la dernière œuvre de Sharmeen Obaid-Chinoy, une réalisatrice et journaliste pakistanaise qui s’est fait remarquer il y a quelques années avec « Saving Face », un documentaire sur le sujet des femmes défigurées à l’acide (nous vous invitons à lire, ou relire, le reportage de notre journaliste Agathe Rigo en Inde sur ce sujet).

Selon la fondation AURAT, qui milite en faveur des droits des femmes au Pakistan, près de 1000 Pakistanaises seraient tuées chaque année pour avoir « déshonoré » leurs familles. Des crimes qui restent le plus souvent impunis dans la mesure où, même si officiellement les autorités religieuses condamnent les meurtres, les crimes d’honneur demeurent de nos jours largement acceptés par la société pakistanaise.

Cette décision courageuse de Nawaz Sharif, ténor de la politique pakistanaise pourtant en faveur d’une application stricte de la charia depuis la fin des années 90, a provoqué un tollé dans le pays. À travers ce choix, le Premier ministre en exercice risque non seulement de se mettre à dos les autorités religieuses du pays, mais aussi les conservateurs, qui constituent traditionnellement une part non négligeable de son électorat.

Recommandé pour vous